L'éveil d'Indrabodhi





 

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L'éveil d'Indrabodhi

Un exemple de personne aux capacités supérieures fut, autrefois en Inde à l'époque du bouddha Sakyamuni, le roi Indrabodhi. En tant que grand roi, il possédait un palais et une cour où il jouissait constamment de tous les plaisirs des sens. Il était réputé, en particulier, pour être entouré de la compagnie de cinq cents courtisanes le jour et de cinq cents autres la nuit ! Un jour, alors qu'il jouait avec elles sur la terrasse du palais, passa dans le ciel une troupe de cinq cents grands oiseaux jaunes.

"Bizarre, je n'ai jamais vu auparavant d'oiseaux jaunes de cette taille, prenez donc des renseignements !" dit le roi, intrigué. Un ministre pratiquant le dharma lui dit : "Votre majesté, ce ne sont point des oiseaux, mais le seigneur Bouddha qui se déplace avec ses cinq cents arhats. - Voilà qui est merveilleux, dit le roi. Invitez-les donc à venir au palais, s'ils veulent bien. - Votre majesté, ils demeurent fort loin, et il serait long et difficile d'envoyer un messager, mais ce n'est sans doute pas nécessaire car le Bouddha est omniscient et il suffit de le prier en pensées pour qu'il vienne".

Le roi ordonna alors que l'on fît les préparatifs adéquats et que la terrasse du palais soit dégagée pour que le bouddha Sakyamuni et sa suite puissent atterrir. Quelques jours plus tard, lorsque la grande réception fut prête, le roi et sa cour se réunirent pour prier le Bouddha de venir, et il vint avec ses cinq cents arhats. Le roi fit servir le banquet, se prosterna par trois fois devant le bouddha Sakyamuni, et dit : "Vous êtes merveilleux ! Pourriez-vous me donner un enseignement, pour que j'atteigne aussi la réalisation que vous avez obtenue".

Le bouddha Sakyamuni dit : "Certainement !" Et il lui enseigna les quatre nobles vérités, expliquant que tout est souffrance, et en particulier que tous les plaisirs des sens étant des enchaînements au samsâra, il faut les abandonner. Le roi, quelque peu décontenancé, dit : Oui, c'est sans aucun doute très bien, mais ce n'est pas pour moi, je ne vais pas ainsi renoncer aux plaisirs des sens ; si vous n'avez pas d'autres enseignements, je crains de ne pouvoir pratiquer.

Le bouddha Sakyamuni avait reconnu par ses pouvoirs miraculeux qu'Indrabodhi était une personne de capacité supérieure et, faisant en sorte que les cinq cents arhats et le reste de l'entourage ne voient pas ce qui allait se passer, pour le roi seul, il fit apparaître le mandala du yidam Guhyasamâja et lui conféra ses quatre niveaux d'initiation, en même temps qu'il lui fit reconnaître la nature de l'esprit, Mahâmudrâ. Au moment même de l'initiation, le roi atteignit ce qu'on appelle, dans le mahâyâna, la " première terre de bodhisattva ", " la joie supérieure ". Puis il pratiqua Mahâmudrâ, dans la reconnaissance de la nature de son esprit, sans distraction, pendant douze ans, et ce, tout en continuant comme auparavant à jouir des cinq sens et des courtisanes.

Au terme de ces douze années, le roi atteignit la réalisation la plus élevée, la dixième terre de bodhisattva, la pleine réalisation de Mahâmudrâ. Il commença alors à conférer les quatre initiations de Guhyasamâja aux gens de son royaume et à leur transmettre Mahâmudrâ. Assez rapidement le pays se vida complètement, tous ses sujets s'en étant allés en les terres pures… Le roi Indrabodhi était un être aux capacités supérieures, c'est pourquoi, dès qu'il eut reçu l'initiation, il réalisa Mahâmudrâ.

Vous considérez peut-être que ce n'est qu'une histoire, une sorte de légende, parce qu'il est difficile d'admettre qu'Indrabodhi ait pu avoir cinq cents courtisanes le jour et cinq cents la nuit, et que tout son royaume atteignît l'éveil. Mais pourtant c'est une histoire vraie : de même que l'esprit peut, par la seule force de sa pensée, éprouver toutes les possibilités de bonheurs et de souffrances et faire toutes les expériences que nous connaissons d'ordinaire ; quand il est devenu parfaitement pur cette faculté rend possible des choses qui habituellement ne le sont pas. C'est pourquoi cette histoire est aussi une histoire vraie et possible.

Kalou Rinpoché, La voie du Bouddha, Points Sagesse, 2010, p. 356-58.

Mots-clé : plaisir des sens, courtisanes, harem, arhat, (Le terme arhat ou arhant (de la racine arh, mériter), que l'on peut traduire par « saint », désigne dans le bouddhisme ancien le stade le plus élevé dans la progression religieuse pour les adeptes du Petit Véhicule, stade qui fait suite aux étapes de srotaa-panna, de sakrda-ga-min et d'ana-ga-min.), quatre nobles vérités (Les Quatre Nobles Vérités sont la Vérité de la Souffrance, la Vérité des Causes de la Souffrance, celle de l’Extinction de la Souffrance, et enfin celle de la Voie vers l’Extinction de la Souffrance), mandala (Mandala est un terme sanskrit signifiant cercle, et par extension, sphère, environnement, communauté1. Puisqu'il désigne avant tout l'entourage sacré d'une déité, il est encore préférable d'appeler yantra2 les représentations plus stylisées. Le diagramme symbolique du mandala peut alors servir de support de méditation), dixième terre de bodhisattva (La dixième terre de bodhisattva correspond à ce que l'on nomme généralement l'illumination où le bodhisattva devient alors Bouddha.), initiation (Selon la tradition bouddhiste, l'initiation jalonne la vie du pratiquant. La première et la plus importante est la prise de refuge parce qu'elle ouvre la porte d'entrée sur la voie du Dharma. C'est elle qui assure le succès des pratiques méditatives et inspire un comportement en adéquation avec les enseignements)

 

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