La force de l'amour - Les trois mariages

et le pardon à Zoubayda



Renoir, La marchande de pommes

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La force de l'amour - Les trois mariages et le pardon à Zoubayda

Dès qu'elles virent le khalife, la mère et sa fille se levèrent en son honneur et lui présentèrent leurs respects, demandant à Dieu de lui conserver la puissance et de prolonger sa vie. Le khalife les pria de se rasseoir, ce qu'elles firent, après quoi, il entama une conversation amicale où dominait chez lui le souci de leur apporter des paroles de consolation après les épreuves subies. Se tournant vers Nourriture-des-Cœurs, il lui déclara : " Mon vœu le plus cher est que vous ne vous ressentiez pas plus longtemps des humiliations que vous avez essuyées, ta mère, ton frère et toi. C'est à Zoubayda qu'il faut imputer toutes ces méchancetés ; mais n'ayez crainte, je sais comment la châtier ". Le khalife dévisageait la jeune fille : manifestement, elle lui ravissait l'âme, avec ces traits, avec ce corps qui faisaient d'elle la perfection même. De nouveau, il s'adressa à elle : " Sais-tu ce que je souhaite, ô Nourriture-des-Cœurs ? Te récompenser pour tes pertes, vois-tu. Exprime un vœu, dis ce que tu convoites, et alors, par la vie de ma tête et par ma fonction de khalife, ton cœur ne désirera rien qui ne se réalise, de quelque nature que soit ta demande.

La jeune femme commença par baiser le sol devant son souverain en signe de respect, puis ajouta ces mots : " Pardonne-moi mais je ne désire rien, sinon que la santé accompagne la durée de tes ans - que Dieu en augmente la quantité ! Il est une autre raison : le serviteur ne peut rien reprocher à son maître de la conduite qu'il croit bon d'adopter envers lui, et nous sommes tes serviteurs, ô Émir des Croyants ? Le serviteur demeure le serviteur et le maître demeure le maître. - Ô Nourriture-des-Cœurs, reprit le khalife, bonne et grande comme tu l'es, tu t'es refusée à exprimer le moindre vœu. Me permettras-tu, moi, de formuler ma demande, incertain que je suis de te voir m'accorder ou non la grâce que je souhaite de toi ? " Cette fois, la jeune fille se jeta à ses pieds et les embrassa : " Pardonne-moi, ô Émir des Croyants. Nous sommes tes serviteurs ". Le khalife la releva, en la prenant par la main. Et comme il avait pensé, au cours de l'entretien, à distraire quelques instants pour donner discrètement l'ordre de faire venir des juges et des témoins, c'est en face de ces personnes autorisées qu'il se montra tenant la main d'une femme à laquelle il faisait justement cette demande : " Mon vœu à moi serait de te prendre pour épouse. Dis ton sentiment ". Puis il la fit asseoir et renouvela sa question : " M'acceptes-tu pour époux ? Parle et songe que c'est au nom de ce que je te dois que j'ai permis à Séduction d'épouser ton frère Ghânim ".

Si le khalife tenait ce langage à Nourriture-des-Cœurs, c'était aussi pour lui apporter la consolation promise après les épreuves qui avaient si durement frappé les siens. Chacun sait, en effet, que Haroûn al-Rachîd - que la miséricorde de Dieu soit sur lui ! - était un souverain qui pratiquait la justice et fuyait l'iniquité ; il n'avait de cesse, s'il s'était d'aventure fourvoyé dans un jugement, comme ce fut le cas, cette fois-là, que confessant sa méprise, il n'allât dédommager la victime de l'erreur judiciaire. Pour lors, son don fut sa personne : il épouserait Nourriture-des-Cœurs, la sœur de Ghânim, comme il avait donné la plus chère de ses concubines à ce dernier. Pour que la mesure fût bonne, il se tourna vers la mère : " Ô toi, la mère de Ghânim, tu es jeune encore. Mon désir est de te voir épouser mon vizir Dja'far ".

Trois contrats à rédiger, telle était la tâche des témoins et des juges : le premier pour marier le khalife et Nourriture-des-Cœurs, le deuxième Ghânim et Séduction, le dernier Dja'far et la mère de Ghânim. Toutes les noces furent célébrées ensemble et le royaume connut une période de grandes réjouissances. Enfin, Ghânim avait pour lui l'objet de sa convoitise, cette Séduction dont il pouvait librement jouir désormais ! Le khalife éprouva un bonheur extrême à honorer en époux la virginité de Nourriture-des-Cœurs, pour laquelle son amour grandit chaque jour ; il déplaça Zoubayda dans d'autres appartements, un logement désaffecté du vieux palais, afin d'y installer, proche de lui, sa nouvelle épousée.

A peu près vers la même époque, on apprit par des messages venant de Damas que Mouhammad al-Zaynabî était passé de vie à trépas et que désormais il s'en remettait à la miséricorde du Très-Haut. Le khalife éprouva une grande peine à perdre son cousin, pour lequel il décréta un mois de commémorations funèbres à la cour même. Or, un jour qu'il se livrait aux pensées mélancoliques que lui inspirait le sort du malheureux, son regard vint à tomber sur le mausolée qu'avait fait élever, on s'en souvient, Zoubayda, alléguant qu'il renfermait le corps de Séduction. " Je n'en reviens pas, réfléchissait-il : une femme comme Zoubayda, qui n'est ni sotte ni impie, et à qui l'on ne saurait rien reprocher, tant il est vrai qu'elle est parfaite ! Mais, j'y pense : n'ai-je pas vu, quand j'ai fait moi-même ouvrir le monument funéraire, bien enveloppée dans le cercueil, une forme…,une forme…, une forme de quoi d'ailleurs ? "

Sans remettre à plus tard la décision, il manda auprès de lui Ghânim, Séduction, Masrour et les domestiques. Il y avait là aussi Dja'far et la mère de Ghânim, ainsi que Nourriture-des-Cœurs. L'ordre tomba : on ouvrit le mausolée, on en tira le cercueil, dont on fit glisser le couvercle. La forme était là, dans le linceul ; découverte, elle dit son mystère : c'était uns statue de bois. Le khalife ne se préoccupait que d'une chose : qui avait bien pu souffler cette ruse à dame Zoubayda ? Par un curieux arrêt du destin, la vieille qui avait prodigué ses conseils à dame Zoubayda, quand elle se trouvait si embarrassée, était justement pour lors si près du khalife qu'elle l'entendit s'écrier : " Par la vie de ma tête, l'individu qui confessera avoir conseillé dame Zoubayda dans le recours à cette ruse recevra de ma main cent pièces d'or en gratification, sans compter mon pardon. Mais s'il n'avoue pas, un jour viendra où la vérité sera connue, et alors, je l'enterrerai vivant dans ce tombeau ".

Cette terrible menace ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. La vieille s'approchant davantage, vint baiser le sol, aux pieds du khalife et confessa : " J'implore ton pardon, ainsi que l'assurance d'avoir la vie sauve, ô Émir des Croyants. Sois clément en ma faveur. Si tu veux que je te raconte les faits comme ils se sont passés, et sans rien omettre, envoie d'abord chercher dame Zoubayda, nous l'attendrons, et alors seulement je te révélerai tout ". Le khalife dépêcha Masrour auprès de dame Zoubayda, qui la ramena auprès de lui ; elle lui présenta ses respects, s'agenouillant et s'étendant sur le sol, la tête effleurant ses pieds. Elle lui demanda d'oublier ce qui s'était passé et de lui pardonner ; le khalife, qui ne la regardait même pas, feignit de ne pas s'apercevoir de sa présence. Il se contenta de demander à la vieille : " Poursuis, ô vieille ". Cependant dame Zoubayda, toujours prosternée aux pieds du khalife, continuait de les baiser et de les arroser de ses larmes qui ruisselaient littéralement sur son visage. Elle se sentait avilie, et le cœur éprouvait comme du deuil, d'avoir dû ainsi se laisser damer le pion par Séduction, une concubine, elle l'épouse en titre. Et puis, sa vilenie avait éclaté au grand jour, sans compter le dol envers le khalife, un crime de lèse-majesté, déshonorant pour elle.

Mais la vieille continuait : " Par le Dieu Très-Grand qui sait tout, voici ce que j'affirme, ô Émir des Croyants : " Un jour que je me trouvais tranquillement assise à ma place ordinaire, la servante Graine-de-Grenade, entrant chez moi à l'improviste, me déclara tout de go : " Il y a dame Zoubayda, qui désire te parler et qui t'attend ". Et je répondis : " Cet ordre m'est plus précieux que la tête et les yeux ". Une fois reçue auprès de dame Zoubayda, ô Emir des Croyants, je trouvai une femme éplorée, et qui avait déjà tellement versé de larmes que ses habits en étaient tout humides. " Ô voile de protection de Celui qui cache à l'indiscrétion les défauts de Ses créatures, m'écriai-je, que se passe-t-il, ô dame mienne ? Que Dieu te garde du malheur ! - Dieu me protégera-t-Il du malheur, répondit-elle, quand je viens de commettre le pire des péchés ? - Mais que s'est-il passé ? repris-je, Je suis prête à donner ma vie pour le rachat de ton âme… " Dame Zoubayda commença par se plaindre : " Hélas, ô vieille, ô ma mère ! Tu m'as élevée comme si j'étais ton enfant, et depuis, je n'ai pu te demander le moindre conseil sans réussir dans tous mes projets si je suivais à la lettre tes avis. Mais aujourd'hui que j'ai négligé de solliciter ton avis, c'est bien fait pour moi, et le malheur qui est tombé sur moi, je ne sais plus comment m'en délivrer. Aide-moi, ô ma mère, à me tirer de ce pas, car mon âme est à la torture, et mon cœur est plongé dans le deuil. J'ai perdu le sommeil, et plus rien ne me tente, ni nourriture ni boisson ". J'insistai : " Dis-moi donc en quoi consiste ton malheur. Il n'est point de décret du destin que le Créateur, dans Sa générosité, ne puisse aider à contourner ". Elle put enfin me révéler ceci : " C'est le diable qui m'a trompée ; j'ai agi de telle et telle façon avec Séduction, la concubine de mon mari ". Après quoi, elle s'écria : " Hélas, ô Séduction, que n'as-tu gardé la vie sauve, ô ma sœur ! Pourquoi n'ai-je pas connu la mort avant toi ? Comment l'Émir des Croyants va-t-il réagir quand au retour de son voyage il apprendra la mort de sa bien-aimée ? Que de souffrances ne va-t-il pas ressentir ! Et par ma faute, moi qui aurai endeuillé le cœur de l'Émir des Croyants ! "

Après un court silence, tout peuplé de nombreux cris de douleurs, elle reprit : " Hélas ! mon cousin, j'aurais bien voulu ne pas être cause de ton affliction. Il ne te reste plus qu'à verser mon sang, tu en as le droit ". La douleur de dame Zoubayda atteignait maintenant un tel degré d'intensité qu'elle tomba en pâmoison. Je pus la faire revenir à elle en aspergeant son visage d'eau de rose, et lui demandai alors de me préciser les détails de sa forfaiture. En pleurant, en se frappant le visage de ses mains, elle m'en délivra quelques éléments : " Que Dieu répande la malchance sur les femmes qui sont mues par une jalousie malsaine et dont la perversité afflige le mari jusqu'à lui faire perdre la vie . Sache, ô vieille, ô ma mère, que j'ai fait emplir d'une drogue la coupe de Séduction, et qu'une fois qu'elle se fut endormie sous l'effet du pernicieux mélange, j'ai donné des ordres pour que, placée dans une caisse, elle fût enterrée vive ". Cet aveu, de nouveau, lui fit perdre connaissance, ô Émir des Croyants. Je me précipitai derechef sur les sels, et elle finit par retrouver ses sens égarés. J'en profitai pour lui demander qui avait procédé à l'enterrement, et elle m'apprit que c'étaient des serviteurs. Avaient-ils eu connaissance de la personne qu'ils transportaient en terre ? La réponse fut négative. Je demandai alors : " Mais pourquoi avoir conduit pareille opération contre quelqu'un que l'Émir chérit particulièrement ? Peut-être ne le savais-t pas ? - Oh ! que si, hélas, soupira-t-elle. Mais c'est la jalousie qui seule m'animait, la jalousie ordinaire des femmes, que Dieu les rende impuissantes et réserve aux hommes Ses bénédictions ! A présent, celui qui viendrait m'annoncer que Séduction est en vie et qu'elle va revenir me causerait une telle joie que je me déclarerais moi-même interdite de rapports avec le khalife pour la laisser profiter seule de lui… Et puis, tiens, je m'instituerais aussi en servante, par déférence pour l'Émir des Croyants. ". Je conclus : " Ma fille, ce qui s'est passé est définitivement entré dans le domaine de l'immuable. Regardons le présent : comment arranger les choses ? - C'est toi, répondit-elle, qui dois trouver ".

C'est alors que j'allai commander cette statue de bois chez un menuisier, ô Émir des Croyants ? J'enseignai à dame Zoubayda la marche à suivre : d'abord faire construite le mausolée dans le palais khalifal, ensuite envelopper la statue dans le drap mortuaire, enfin procéder à l'ensevelissement. La vieille eut bientôt fini de révéler toutes les dispositions prises par dame Zoubayda dans cette affaire. Le khalife n'eut pas plutôt fini d'entendre ce discours, qui lui apprenait le repentir de dame Zoubayda, qu'il partit d'un grand fou rire. Il interpella Dja'far : " Même quelqu'un qui conduit els affaires du royaume, comme c'est ton métier, ne saurait faire montre, à mon avis, d'un tel sens de l'organisation. - Tu as raison par la vie de ta tête, ô Émir des Croyants, répondit le ministre. Construire d'aussi belles mystifications, j'en suis bien incapable ". Et le khalife de rire : la répartie le fit même tomber à la renverse.

Séduction et Nourriture-des-Cœurs s'avançaient vers lui : les deux femmes se jetèrent à ses pieds, lui demandant d'oublier tout ce qui s'était passé et l'implorant de pardonner à dame Zoubayda sa cousine. Ghânim et sa mère, de leur côté, baisant le sol devant lui, portèrent à leur bouche la frange de sa tunique et l'y retinrent jusqu'à ce qu'ils eussent obtenu satisfaction : le khalife, en son for intérieur, avait déjà pardonné à sa cousine, aussi repentante qu'elle était humiliée, mais il éprouvait une grande satisfaction à voir ces quatre-là se transporter de cette façon. Que dame Zoubayda, au reste, reconnût qu'elle avait été inspirée par le diable, et qu'elle en éprouvât du remord, voilà qui suffisait. Enfin, la mère de Ghânim dit à l'Émir des Croyants : " Toi qui es par tempérament un être empreint de démence et de mansuétude, ô Émir des Croyants, pense à la faiblesse de la nature humaine, combien souvent encline à tromper ou à dissimuler ! Et songe comme ces mauvaises dispositions peuvent être accentuées par la jalousie, à laquelle les femmes ne sont que trop exposées… " Le khalife céda à toutes ces prières. Davantage, il ordonna à Masrour d'aller chercher une tenue d'honneur luxueuse, qu'il remit à dame Zoubayda, et celle-ci quitta la position de suppliante où elle était pour baiser le sol devant le khalife et lui embrasser les mains. Ensuite, elle alla vers Séduction, qu'elle sera contre son cœur, qu'elle embrassa et à laquelle en pleurant elle demanda pardon. Elle fit de même avec la sœur et la mère de Ghânim et, en les étreignant, leur fit ce souhait : " Puisse la prospérité désormais vous favoriser, et compenser les humiliations que vous avez subies par ma faute ! "

La joie était à son comble chez le souverain qui, voyant dame Zoubayda revenue à de meilleurs sentiments envers les trois autres femmes auxquelles elle avait fait tout ce tort, lui déclara : " Ô Zoubayda, le rang illustre que tu tiens auprès de moi n'a nul besoin d'être confirmé et je n'ai plus à me persuader que tu es une femme en tout point accomplie. Veux-tu que j'aime Nourriture-des-Cœurs et que je dorme chez elle, chaque nuit, comme je faisais avec Séduction ? - Ô Émir des Croyants, répondit l'épouse, nulle autre que moi ne sera la servante qui, de ses mains, préparera votre couche. Et quand ce sera le tour de Séduction mon amie, j'agirai de même ". Elle confirmait les bonnes dispositions où elle était par des embrassades répétées aux deux autres femmes élues du khalife, et, à la concubine la plus ancienne, elle dit : " Je souhaite, ô Séduction mon amie, que tu restes en bonne santé. Si l'ordre de l'Émir des Croyants était de me constituer ton esclave, j'y obéirais de bon cœur et considérerais mon servage comme un aliment plus doux que le miel. Je ne mérite pas que l'Émir des Croyants mette seulement un pied dans ma couche, car j'ai été déchue de tous mes droits, ayant failli devant la loi ". Les deux autres protestèrent : " Sache que tu es notre maîtresse et que tu représentes une couronne au-dessus de nos têtes ".

Le khalife avait l'âme tranquille, et il trancha le cas de Zoubayda, dont il appréciait le comportement : " Ô dame Zoubayda, ton rang ne se verra affecté d'aucun changement ni pour lors ni dans l'avenir ". Il parcourut la distance qui le séparait d'elle afin de la serrer dans ses bras et de déposer un baiser sur son front, entre les deux yeux. On se rendit alors dans les appartements de dame Zoubayda, mais au moment d'y entrer, la maîtresse des lieux préféra rester dehors, au grand étonnement du khalife, qui lui demanda pourquoi. " Ô Émir des Croyants, répondit-elle, je n'y entrerai avec toi qu'à une condition : que je puisse préparer de mes propres mains la couche que tu partageras avec Nourriture-des-Cœurs. - Soit ! accepta le khalife, puisque tel est ton bon plaisir. Mais elle aussi, la nuit prochaine, viendra préparer ta couche de ses propres mains. - Je ne mérite pas cela, se récriait dame Zoubayda, mais c'est seulement l'honneur que j'en tire qui me dicte l'envie de la servir ". Dès lors, tout le monde au sérail fut porté par une joie qu'on n'avait jamais connue. Dame Zoubayda aimait Nourriture-des-Cœurs comme sa fille : elle ne laissait personne d'autre qu'elle lui servir de dame d'atour, et le khalife lui en était reconnaissant. La haine qui avait régné entre dame Zoubayda et Séduction s'était transformée en une amitié tout aussi vive. Bref, la rentrée en grâce de son épouse auprès du khalife se voyait totalement couronnée de ses bons sentiments.
(Les Mille et Une Nuits, Traduction R. Khawam, Phébus libretto, 4è tome, p. 369-380)

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Analyse des trois mariages et du pardon à Zoubayda