Méthode d'analyse des mythes

Les éléments du modèle :

La croix,
qui représente la structure
Les diagonales,
qui introduisent la mobilité
Les neufs points,
qui représentent les extémités de chaque ligne et le centre

Le fonctionnement :

- Chaque point représente une étape dans le déroulement de l'action ou du récit.
- Le déroulement chronologique commence en 1 et se termine en 9.
- Les deux extrémités de chaque ligne sont en opposition. L'opposition représente le plus souvent une différence, qui marque la progression, plutôt qu'une contradiction radicale.
- Le sens émerge au fur et à mesure de la progression.


Grille d'analyse de la recherche vaine de Ghânim


Premier temps : la structure

8

LE GOUVERNEUR DE DAMAS QUI GAGNE LA MAISON DE GHÂNIM


1

ORDRE DONNE AU VIZIR D'AMENER GHÂNIM ET SÉDUCTION ET DE DÉTRUIRE LA MAISON DE GHÂNIM

 

7

ORDRE ENVOYE AU SULTAN DE DAMAS DE SE SAISIR DE GHÂNIM
- Le punir
- Punir aussi ses frères, sœurs, parents proches


2

LE VIZIR PART AVEC DES FERRAILLEURS ET DES TERRASSIERS

 

9

GHÂNIM ABSENT

- La mère a construit un cénotaphe
- Elle imagine que Ghânim est mort

 

 

 

6

DE LA MAISON A LA TOUR DES TÉNÈBRES

- La colère du khalife
- L'ordre d'enfermer Séduction dans la Tour des Ténèbres

 

 


3

GHÂNIM, TRANSFORMÉ PAR SÉDUCTION EN SERVITEUR NOIR, ECHAPPE AU VIZIR

 

5

SÉDUCTION A LA DISPOSITION DU KHALIFE MAIS GHÂNIM S'EST ENFUI


4

LES BIENS DE GHÂNIM CONFIES À LA GARDE DU VIZIR MAIS SA MAISON REDUITE EN POUSSIÈRE



Deuxième temps : les images

8

LE GOUVERNEUR CHEZ GHÂNIM
- Le gouverneur avec trois cents experts en sabre, qui gagne la maison de Ghânim


1

LA COLÈRE DU KHALIFE
- Dès que tu auras trouvé le chenapan, tu me l'amèneras avec Séduction
- Je ne eux pas que les ouvriers du bâtiment laisse pierre sur pierre de la maison de Ghânim

 

7

LA TRAQUE SE POURSUIT
- La lettre au sultan, qui gouverne Damas
- Se saisir de lui, lui faire administrer des coups de cravache
- L'exhiber à travers la ville

 


2

L'ARRIVÉE DU VIZIR ET DE SA TROUPE
- Séduction se tient à la fenêtre
- La crainte la saisit et elle est effrayée

 

 

 

9

LE CÉNOTAPHE A LA MÉMOIRE DU FILS
- État pitoyable de la mère et de la fille
- Comme je serais heureuse de voir mon fils en vie !

 

6

LA TOUR DES TÉNÈBRES
- Le khalife, hors de lui
- Va prendre Séduction et enferme-la dans la Tour des Ténèbres


3

GHÂNIM, TRANFORME EN SERVITEUR NOIR, S'ECHAPPE
- Séduction court au chaudron, en essuie la suie et lui frotte le visage et les mains
- Elle lui met, sur la tête, un panier avec des assiettes

 

5

LE KHALIFE INSATISFAIT
- Séduction se tient à ta disposition
- Ghânim est parti depuis un mois


4

LES BIENS DE GHÂNIM PRESERVES
- Puis-je te demander de placer toutes ces richesses sous ta garantie
- La maison transformée en poussière



Troisième temps : le sens

8

LA MAISON CERNEE

 


1

LA COLÈRE DU KHALIFE JALOUX
- Le khalife furieux veut mettre la main sur Ghânim et Séduction

 

7

IL CHERCHE À TRAQUER LE COUPABLE JUSQUE DANS LA MAISON DE SA MÈRE

 

 


2

LA BIENVEILLANCE DE SÉDUCTION, QUI VEUT SAUVER GHÂNIM
- Séduction, à la fenêtre, prend peur pour Ghânim

 

9

A LA PLACE DE GHÂNIM, UN CÉNOTAPHE

 

 

6

LE KHALIFE MALVEILLANT QUI VEUT OUBLIER SÉDUCTION
- Il la fait mettre dans la Tour des Ténèbres (sorte de meurtre inconscient)


3

UN STRATAGÈME QUI MARCHE
- Ghânim, transformé en serviteur noir par Séduction, échappe au vizir

 

 

5

SÉDUCTION INNOCENTE LIVRÉE EN OTAGE
- Séduction à la disposition du khalife sans Ghânim


4

LA BIENVEILLANCE RENOUVELEE DE SÉDUCTION POUR SAUVER LES BIENS DE GHÂNIM
- La complicité du vizir pour garder en lieu sûr les biens de Ghânim


 

La malveillance du khalife jaloux se heurte à la bienveillance de Séduction, de Ghânim et de sa mère

1. Le khalife est persuadé de la culpabilité de Ghânim

2. Il veut mettre la main sur lui

3. Séduction sait que Ghânim n'est pas coupable : elle est comme la main de la providence sur lui et le protège

4. Elle imagine un stratagème : elle le transforme en serviteur noir, qui s'échappe sans susciter la méfiance

5. Elle utilise la bienveillance complice du vizir pour mettre les biens de Ghânim en lieu sûr

6. Séduction accepte d'être livrée en otage

7. Elle prend ainsi la figure de la victime innocente, transformée en sauveur

8. Le khalife, amoureux et jaloux, veut l'oublier : il la tue symboliquement en l'enfermant dans la Tour des Ténèbres, c'est-à-dire aussi dans l'inconscient

9. La traque du présumé coupable se poursuit à Damas

10. Jusque dans la maison de la mère

11. Mais, à la place de Ghânim, il y a un cénotaphe : le coupable doit être mort

12. En fait, l'innocent échappe à la colère de celui qui est enfermé dans le mensonge

13. Il faut remarquer que le cénotaphe de Damas fait face au mausolée de Baghdad

14. Il n'y a pas seulement la jalousie de la rivale qui peut tuer : il y a aussi l'amour possessif de la mère

 

La force de l'amour face à une parodie de l'amour


Un dysfonctionnement de l'amour qui entraîne un dysfonctionnement de la société

L'attitude du khalife manifeste en grand le mal dont souffre la société. C'est l'amour lui-même qui est atteint à sa source.
- Au départ une erreur dans la conception de la femme : elle est fondamentalement un être mensonger qui va tromper l'homme
- Cette attitude engendre la peur d'être trompé par la femme
- L'homme s'enferme alors dans la toute-puissance
- L'amour se transforme en appropriation de l'autre
- Il emprisonne
- Il finit par détruire
- Il tend à s'identifier à la Loi
- L'amour réel devient impossible

La force de l'amour s'oppose au dysfonctionnement de l'amour

La force de l'amour va surgir de la femme qui est enterrée vivante.
- C'est par un retour à la racine du dysfonctionnement de l'amour que celui-ci pourra retrouver sa force
- La femme, qui prend ici la figure de Séduction, est enterrée vivante
- Elle ne peut être déterrée, au départ, sans une initiative de l'homme, qui est représentée par Ghânim
- Ensuite la force de l'amour va pouvoir agir par la femme (Séduction), qui va libérer l'homme (Ghânim et le khalife) et les autres femmes (la mère et la sœur de Ghânim)
- L'amour ici n'est plus dans la toute-puissance et l'appropriation de l'autre
- Il agit dans le respect de l'autre (Séduction respecte Ghânim qu'elle aime et le khalife lui-même, pourtant destructeur de l'amour)
- Et dans la prudence
- Il protège (Ghânim et ses biens)
- Rétablit la confiance en l'autre
- Libère l'autre
- Il est prêt à affronter la mort pour faire émerger la vérité et libérer l'autre
- Fondamentalement la libération va passer par une nouvelle prise de conscience
- La femme n'est pas fondamentalement le personnage trompeur dont il faut avoir peur
- Elle est une actrice indispensable dans la libération de l'homme (être masculin et aussi être générique)

Télécharger la grille