Méthode d'analyse des mythes

Les éléments du modèle :

La croix,
qui représente la structure
Les diagonales,
qui introduisent la mobilité
Les neufs points,
qui représentent les extémités de chaque ligne et le centre

Le fonctionnement :

- Chaque point représente une étape dans le déroulement de l'action ou du récit.
- Le déroulement chronologique commence en 1 et se termine en 9.
- Les deux extrémités de chaque ligne sont en opposition. L'opposition représente le plus souvent une différence, qui marque la progression, plutôt qu'une contradiction radicale.
- Le sens émerge au fur et à mesure de la progression.


Grille d'analyse du mythe de la caverne


Premier temps : la structure

8

IL REVIENT DANS LA CAVERNE
- Ses yeux pleins d'obscurité
- Il prête à rire
- Ne peut convaincre les autres

 


1

LES HOMMES DANS LA CAVERNE
- Liés
- Le dos tourné contre l'ouverture

 

 

 

7

LE BONHEUR DU CHANGEMENT
- L'homme ne veut plus se contenter de l'ombre partielle des êtres, et des objets
- Ne veut plus être privé du soleil


2

UN FEU ET UN LONG MUR
- Entre le feu et les hommes, un long mur
- Le long de ce long mur, des hommes et des objets qui passent et " dépassent "

 

 

9

SI QUELQU'UN VOULAIT DÉLIER CEUX QUI SONT ENCHAÎNES, ILS LE METTRAIENT À MORT

 

 

6

ACCOUTUMANCE A LA LUMIÈRE
- Il peut alors regarder en face les objets, les êtres et le soleil lui-même


3

LES OMBRES SUR LES MURS DE LA CAVERNE
- Les hommes ne voient que les ombres des êtres, des objets et des hommes qui dépassent le mur
- En nommant ce qu'ils voient, ils nomment les ombres et les paroles entendues sont celles des ombres

 

 

5

SI ON TIRE CET HOMME EN DEHORS DE LA CAVERNE
- En un premier temps, il sera incapable de voir la lumière et les objets


4

UN HOMME EST DÉLIÉ DE SES CHAÎNES
- Souffrances
- Regrets : ce qu'il voyait était plus vrai
- Refuse de regarder la lumière



Deuxième temps : les images

8

L'HOMME QUI REVIENT A SA PLACE DANS LA CAVERNE
- Les yeux pleins d'obscurité
- La moquerie des autres
- Son impuissance, à cause de son aveuglement, à les convaincre de la réalité

 


1

LES HOMMES DANS LA CAVERNE
- Les hommes enchaînés dans la caverne
- Le dos tourné vers l'ouverture

 

 

 

7

L'ACCOUTUMANCE AU CHANGEMENT, AU-DELA DES OMBRES
- Le bonheur
- Le refus de revenir à la situation de la caverne

 


2

CE QUI SE PASSE A L'EXTÉRIEUR
- Le feu
- Le mur
- Les hommes et les objets qui dépassent

 

 

 

9

L'HOMME QUI VEUT DÉLIER LES AUTRES HOMMES
- Les hommes qui refusent leur libération
- Les hommes prêts à tuer leur libérateur

 

 

 

6

L'ACCOUTUMANCE A LA LUMIÈRE
- La capacité acquise de regarder les objets, les êtres et le soleil lui-même


3

LE MONDE DES OMBRES
- Les ombres sur le mur de la caverne
- Les hommes qui regardent les ombres et les prennent pour la réalité

 

 

5

EN DEHORS DE LA CAVERNE
- La souffrance
- L'emprise de la mémoire du passé
- La lumière qui aveugle

 

 


4

UN HOMME DÉLIÉ DE SES CHAÎNES
- Sa souffrance
- Son refus de regarder la lumière



Troisième temps : le sens

8

S'IL RETOURNE À SON ANCIENNE PLACE POUR CONVAINCRE LES AUTRES DU CHANGEMENT
- Il aura de la peine à se réadapter
- Il subira la moquerie des autres
- Il n'arrivera pas à se faire entendre


1

LES HOMMES ASSERVIS
- Ils tournent le dos à la réalité
- Ne peuvent la voir en face

 

 

7

L'HOMME EST HEUREUX DU CHANGEMENT
- Il ne veut plus revenir à son ancienne situation où il ne voyait que l'ombre d'une partie des choses et des êtres

 

 

 


2

UNE EDUCATION QUI S'APPPPUIE SUR UNE LUMIERE ETRIQUEE
- On reste dans l'illusion comme dans un théâtre de marionnettes
- On ne tient compte que d'une partie de la réalité dont on ne saisit pas la vie

 

9

S'IL VEUT LES DÉLIER DE LEURS CHAÎNES
- Il risquera sa vie
- Ils chercheront à le tuer

 

 

6

UN TEMPS NÉCESSAIRE POUR S'ACCOUTUMER A LA LUMIÈRE
- Après, il est possible de regarder la réalité en face


3

EN FAIT, LES HOMMES NE VOIENT QUE LES OMBRES D'UNE PARTIE DES CHOSES ET DES ÊTRES

 

5

L'HOMME MIS EN FACE DE LA RÉALITÉ
- En un premier temps, il est incapable de voir la lumière, les êtres et les objets, tels qu'ils sont

 


4

SI UN HOMME EST DÉLIÉ DE SES CHAÎNES
- Il commence par souffrir
- Il reste attaché à son ancienne vision des choses
- Il refuse de se tourner vers la lumière


 

De l'ombre à la lumière ou de la servitude à la liberté


1. L'homme est libre lorsqu'il peut regarder la réalité en face

2. En fait, il est asservi parce qu'il tourne le dos à la lumière

3. Son éducation n'aboutit pas parce que la lumière qui lui sert de base est étriquée, et fonctionne comme dans un théâtre de marionnettes, où l'on ne voit qu'une partie des individus et où la vie est absente

4. L'homme ne voit que l'ombre des individus et de ce qu'ils portent ; par ailleurs il confond l'ombre et la réalité

5. La parole elle-même se trouve travestie

6. En croyant nommer les êtres et les choses, ce sont des ombres qu'ils nomment

7. Dans ces conditions, si on essaie de délier l'homme pour qu'il retrouve une part de liberté, il éprouve de la souffrance

8. Il reste attaché à son ancienne vision des choses

9. Il refuse de se tourner vers la lumière

10. Pour le faire avancer, il faut le sortir de la situation où il se trouve pour le mettre en face de la réalité

11. Mais, en un premier temps, il sera incapable de voir les hommes, les êtres et les choses, tels qu'ils sont

12. Il faut du temps pour qu'il puisse s'accoutumer à la lumière

13. En s'accoutumant à la lumière, il finit par regarder la réalité en face ; il en arrive même à orienter son regard sur la source de la lumière elle-même

14. Ainsi libéré par la connaissance, il découvre le bonheur de sa nouvelle situation

15. Pour tous les trésors du monde, il ne veut pas revenir à son ancienne condition

16. Mais supposons qu'il revienne pour essayer de convaincre les autres du changement

17. Il aura de la peine à se réadapter à la situation d'ombre dans laquelle ils se trouvent

18. On se moquera de lui

19. Il sera alors dans l'incapacité de se faire entendre

20. Si, malgré cela, il s'avisait de vouloir les délier de leurs chaînes, il mettrait sa vie en danger

21. Considéré comme un être dangereux, on finirait peut-être par essayer de le tuer

 

Intuition de Socrate dans le mythe de la caverne

L'homme est enchaîné par sa propre peur de la mort. De ce fait, il bloque le processus de la connaissance, se condamnant à ne voir que qu'une petite partie du monde qui l'entoure et que les ombres de la réalité. Il faut donc qu'il affronte sa peur de la mort pour la dépasser et accéder à une vraie connaissance. Il peut y arriver tout en sachant qu'il lui faudra le temps de l'accoutumance pour ne pas être tenté de retourner en arrière. Mais ensuite s'il veut aider les autres à se libérer pour accéder, à leur tour, à la connaissance, il se heurtera à leur propre peur de la mort. Il ne pourra poursuivre son travail de libération qu'en risquant sa vie.

A travers ce mythe, Socrate semble exprimer sa propre expérience.

Mise en forme de l'intuition de Socrate sur la connaissance

8

ON PEUT ÊTRE CONDUIT À AIDER LES AUTRES À FAIRE LEUR PASSAGE POUR SE LIBÉRER
- Il s'agit d'un choix personnel
- Sans doute comme celui de Socrate


1

PEUR DE LA MORT

 

 

 

7

LA CONNAISSANCE EST LIBEREE
- L'homme peut accéder à la vérité

 

 

 


2

L'HOMME S'ENFERME POUR SE PROTÉGER DE LA MORT ET DE L'AUTRE

 

9

DANS CE CAS, IL CONVIENT D'ACCEPTER, À NOUVEAU, LE RISQUE DE LA MORT
- Le risque d'être tué par les autres
- Ils continuent à vouloir se protéger de la mort

 

6

FINALEMENT L'HOMME S'OUVRE A L'AUTRE ET A LA RÉALITÉ EN S'OUVRANT A LA LUMIÈRE


3

LA CONNAISSANCE EST BLOQUEE
- L'homme ne voit que des reflets, que des ombres et qu'une petite partie de la réalité
- Il est dans l'idéologie

 

5

APRÈS LE DÉPASSEMENT DE LA PEUR DE LA MORT
- Il faut un temps d'accoutumance pour ne pas céder à la tentation d'un retour en arrière

 


4

POUR SORTIR D'UNE TELLE SITUATION, IL FAUT AFFRONTER SA PEUR DE LA MORT
- Cet affrontement entraîne un véritable passage par la mort

 


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