La nature de l'âme




Le souffle de ton âme

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La nature de l'âme


Or donc, nous le disions en commençant, comme toutes choses se comportaient sans ordre, le Dieu, en chacune relativement à soi comme dans toutes leurs relations mutuelles, introduisit de justes rapports, en aussi grand nombre et à autant d'égards que les choses pouvaient avoir de proportion et de commune mesure. Jusqu'alors, en effet, à de tels rapports, si ce n'est par chance, elles n'avaient nulle part, et il n'était absolument rien qui méritât de recevoir l'une des dénominations actuelles, comme celle de feu, d'eau et quelque autre de ce genre ; mais toutes ces choses, le Dieu d'abord les mit en ordre, (c) puis il en constitua cet Univers : Vivant unique qui contient en soi tous les vivants, mortels et immortels. Et des êtres divins, lui-même se fit l'ouvrier ; des mortels, il confia la genèse à ses propres enfants et en fit leur ouvrage.

L'Être humain ; L'Ame mortelle.
Eux donc, imitant leur Auteur, reçurent de lui le principe immortel de l'âme ; après quoi, ils se mirent à tourner pour elle un corps mortel, ils lui donnèrent pour véhicule ce corps tout entier, et y édifièrent en outre une autre espèce d'âme, celle qui est mortelle. Celle-ci porte en elle des passions redoutables et inévitables : (d) d'abord le plaisir, ce grand appât du mal ; puis les douleurs, qui nous font fuir Ie bien ; puis encore l'audace et la peur, conseillers imprudents ; l'emportement, sourd aux avis ; l'espérance, ouverte aux séductions. Avec la sensation irraisonnée et le désir prêt à toute entreprise, mélangeant tout cela, en sa nécessaire condition ils ont composé l'âme mortelle. Voilà pour quelles raisons, se gardant de souiller le principe divin, à moins de nécessité absolue, à l'écart de celui-ci ils établissent dans une autre demeure du corps l'âme mortelle; (e) ils bâtissent un isthme et une frontière entre la tête et la poitrine ; entre les deux, ils placent le cou, afin qu'il y ait séparation. C'est donc dans la poitrine, en ce qu'on appelle le thorax, qu'ils attachèrent l'espèce mortelle de l'âme. Et, comme il y avait en elle une partie naturellement meilleure, une autre pire, ils font encore deux pièces dans la cavité du thorax ; ils les séparent comme l'appartement des femmes et, à côté, celui des hommes, (a) et ils mettent au milieu le diaphragme, comme une cloison. Ainsi, la partie de l'âme qui a part au courage et à 1'emportement, avide qu'elle est de dominer, ils l'établirent plus près de la tête, entre le diaphragme et le cou, afin que, docile à la raison, elle put de concert avec elle contenir par la force l'espèce des appétits, lorsque, du haut de l'Acropole, les ordres de la raison n'auraient plus moyen d'obtenir d'eux une obéissance de bon gré consentie.

a) L'âme irascible. Le coeur
Quant au coeur, point d'attache des veines (b) et source du sang qui circule impétueusement par tous les membres, ils l'ont installé comme au poste des gardes : de la sorte, lorsqu'il serait bouillant de nobles transports, la raison ayant signalé qu'à l'endroit des membres un acte d'injustice est accompli de l'extérieur ou encore de la part des appétits qui sont à l'intérieur, vivement, par les plus étroits vaisseaux, tout ce qui dans le corps est capable de sensation percevrait avertissements et menaces, y deviendrait docile et obéissant en tous points, permettant ainsi au meilleur d'exercer par tout le corps son hégémonie. (c) Quant aux battements du coeur, lorsqu'il pressent les dangers ou que 1'emportement s'élève, sachant d'avance que le feu devait causer tout ce gonflement des parties qui s'emportent, les Dieux y ont ménagé un secours en greffant sur le coeur le tissu du poumon : d'abord il est mou et exsangue, puis il a l'intérieur percé de trous comme une éponge, afin de recevoir l'air et la boisson, de rafraîchir Ie coeur (d) et de lui procurer, dans son ardeur, détente et répit.

Le poumon
Aussi ont-ils amené au poumon les conduits divergents de la trachée-artère, et tout autour du coeur l'ont disposé lui-même comme un édredon : ainsi le coeur, quand en lui l'emportement atteindrait son comble, viendrait battre sur un tissu élastique et s'y rafraîchir ; il se fatiguerait moins et serait mieux en mesure de se mettre avec l'emportement au service de la raison.

b) L'âme appétitive.
Pour la partie de l'âme qui a l'appétit du manger, du boire et de toutes ces choses dont la nature du corps lui fait éprouver le besoin, (e) ils l'ont établie dans l'espace intermédiaire entre le diaphragme et la frontière du nombril ; c'est comme une mangeoire que, dans toute cette région, pour la nourriture du corps ils ont construite. Et ils ont attaché là cette sorte d'âme, comme une bête sauvage, mais qu'il est nécessaire de nourrir en la tenant attachée, s'il doit jamais subsister espèce mortelle. Afin donc que, toujours à paître auprès de sa mangeoire, logée le plus loin possible de la partie qui délibère et lui apportant le moins possible de trouble et de bruit, (a) elle laissât cette partie maîtresse délibérer en paix sur les intérêts communs du tout et sur ceux des parties, pour ces raisons ils lui ont assigné cette place. Sachant bien d'ailleurs que cette âme jamais ne pourrait entendre raison, et que, dût-elle avoir quelque sentiment de ce qui est raisonnable, il ne serait jamais dans sa nature d'avoir égard à des raisons, mais que c'est par des images et des fantômes que, la nuit comme le jour, elle se laisserait surtout fasciner, usant de ce leurre, un Dieu a dressé devant elle l'appareil du foie. (b) Platon, La Pléiade, Timée 68b-71a

Timée (89 e - 90 d) L'âme principale

Or, nous l'avons maintes fois répété, il est en nous trois sortes d'âme, ayant leurs trois demeures distinctes, et chacune se trouve avoir ses mouvements ; de même, corrélativement, devons-nous maintenant, aussi brièvement que possible, déclarer que, si l'une d'entre elles reste dans l'inaction, si des mouvements qui lui sont propres elle s'abstient et qu'elle se repose, nécessairement elle devient très débile ; celle au contraire qui s'entraîne en sa gymnastique acquiert la plus grande vigueur. (a) Aussi faut-il prendre garde que, dans les mouvements que respectivement elles se donnent, il y ait entre elles juste proportion. En ce qui concerne la sorte d'âme qui est en nous la principale, il faut s'en faire l'idée que voici : c'est qu'elle est un démon que Dieu a donné à chacun de nous ; elle est ce principe dont nous disons qu'il habite en nous au sommet du corps et que vers Ie ciel, où réside l'élément de même nature, au-dessus de la terre il nous élève ; car nous sommes une plante, non point terrestre, mais céleste. Et nous avons bien raison de le dire : c'est là-haut en effet, d'où est venue notre âme à sa première naissance, que ce principe divin accroche notre tête, qui est comme notre racine, pour dresser tout notre corps. (b) Celui-là donc qui s'est adonné aux appétits ou aux ambitions et qui leur donne un grand développement par l'effort, toutes les pensées nécessairement sont en lui devenues mortelles ; et, absolument à tous égards, dans toute la mesure où il est possible de se rendre mortel, il n'y manque tant soit peu, pour avoir tant accru cette partie de son âme. Mais celui qui a mis son zèle à la connaissance et aux pensées vraies, et qui a exercé principalement en lui ces activités, (c) il a des pensées immortelles et divines, chaque fois qu'il a contact avec la vérité ; c'est là un résultat pleinement nécessaire ; et, dans la mesure où il est possible à la nature humaine de participer à l'immortalité, il n'y manque pour aucune part ; comme d'ailleurs il prend soin sans cesse de son divin principe et qu'il entretient dans une forme parfaite le démon qui habite en lui, il est dans une remarquable eudémonie. Or, les soins à donner à tout être toujours se réduisent à un seul point : accorder à chacun les aliments et les mouvements qui lui sont propres. A ce qu'il y a en nous de divin, les mouvements naturellement appropriés sont les pensées du Tout et ses révolutions ; (d) ce sont elles que chacun doit suivre : lors de notre naissance, les circuits établis en notre tête ont été saccagés ; on les redressera par l'étude approfondie des harmonies et des révolutions du Tout ; à l'objet de 1'intellection, le sujet de 1'intellection sera rendu semblable, et conforme à son antique nature ; avec cette assimilation, on atteindra le terme suprême de la vie excellente proposée aux hommes par les Dieux, pour la durée présente et pour celle qui viendra. (e)

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Analyse de la nature de l'âme