Troisième temps : le sens

Les grandes étapes de la création

1. La création par Neith commence par l'avènement de la lumière

2. La lumière est issue de la connaissance, de la conscience de la déesse créatrice

3. Tout est ordonné par la connaissance divine

4. Après la lumière vient la création de la terre comme mise en ordre de l'espace

5. C'est par le nom, que la créature, et ici les 30 premiers dieux, passe de l'inconscience à la conscience

6. Les dieux fonctionnent ici comme des questionneurs de Neith et donc comme des accoucheurs

7. Par la création du soleil, le temps est introduit dans l'univers. Ce temps était déjà présent dans l'engendrement du soleil ; il s'est fait dans le temps

8. L'homme naît du manque

9. Il vient combler le manque de la déesse créatrice et vit en dehors de sa présence contrairement aux dieux qui l'entourent

10. Le sort de Neith et de Rê semble lié à l'existence de l'homme

11. Les dieux marquent un accomplissement lié à la présence plénière de la déesse créatrice

12. Il semble que cette constatation souligne la divinisation comme accomplissement de l'homme

13. Le désordre figuré par le serpent est inscrit comme un principe dans la création

14. Il va provoquer l'avènement de la mort, porteuse de la connaissance et de la Parole divine

15. En ce sens, la mort porteuse de la Parole divine et du développement de la connaissance permet de retrouver un nouvel ordre après le désordre

16. La Parole divine finit par s'incarner dans le monde à travers les Sept-Propos

17. Tout s'achève par une grande fête ; tous les éléments de la création trouvent leur place et surtout Neith, l'archère, et son fils Rê

Discussion au café philosophique du 16 décembre 2006

1. Neith, l'archère, et la figure de l'arc

- Idée de violence : l'arc est fait pour tuer
- Idée du désir qui cherche à atteindre un but
- La pulsion : Éros est passé par là avec le symbole phallique de la flèche
- Le rythme : tension puis relâchement
- Le regard qui oriente vers un but
- Le tir à l'acte représente l'acte lui-même
- L'élan et l'acte créateur
- Arc et architecture : toutes les formes possibles sont projetées par l'arc

2. Le Nouou

- Les ténèbres et l'océan primordial
- L'eau, origine de la vie
- Lieu de tous les possibles
- Principe d'évolution

3. L'existence

- Issue d'elle-même
- Neith se donne l'existence
- Elle va exister pour autant qu'elle crée
- Dans une certaine théologie chrétienne, on peut dire que Dieu devient lui-même en s'incarnant
- Pour la théologie musulmane, " Dieu est transcendant, point barre ! "
- L'origine reste l'énigme

4. La vache

- Elle donne naissance
- Elle nourrit
- Elle se lève sur ses quatre pattes, séparant le ciel et la terre
- Ses quatre pattes sont les piliers de l'univers
- Elle met le soleil à sa place, le tenant entre ses deux cornes

5. Le poisson latte

- Origine de la vie
- La sexualité
- Le poisson (ixthus), symbole de Christ

6. Le regard qui donne naissance à la lumière

- Orientation du regard : le corps est projeté
- C'est le regard qui permet à l'autre d'exister
- Il donne naissance à la lumière
- La lumière ouvre l'espace en sortant des ténèbres

7. La parole n'est qu'un temps de la création

- La conception se fait par le cœur, qui est désir et amour
- La parole vient extérioriser ce qui a été conçu
- Le regard est déjà une parole : regarder un tableau, c'est comme lire un texte
- Les yeux parlent
- Il y a une liaison entre le voir et l'entendre
- Narcisse était sourd
- Nous sortons de la pensée magique avec la parole, qui fait exister

8. La saveur de la création

- L'allégresse et le plaisir font partie de la création
- La création donne de la saveur aux choses
- Il y a un lien entre saveur et sagesse (sapere, sapientia)
- La sagesse goûte la saveur de la création

9. Les trente dieux questionneurs

- Ils sont là pour ouvrir l'espace de la parole : ils questionnent pour que naisse la parole
- Leur nom khemenou signifie qu'ils sont ignorants
- C'est parce que j'accepte de ne pas savoir que je vais poser des questions ; alors, je pourrai entrer dans le savoir
- Les trente dieux, ignorant leur destin, sont les enfants par excellence
- Nous avons ici un modèle d'éducation
- Il faut ignorer pour questionner et questionner pour savoir
- Les enfants ont quelque chose à faire pour que la mère fasse
- Ils demandent à la mère d'être ses partenaires dans l'œuvre de la création
- Avec eux, la mère toute-puissante s'humanise
- Ces dieux ressemblent aux anges
- Dans la sourate de la vache, à l'intérieur du Coran, les anges protestent contre la création de l'homme, comme lieutenant de dieu sur terre

10. Le temps éternel et infini

- A l'origine du temps
- Le temps qui passe, la conscience de ce temps et la conscience de soi
- Conscience du temps à partir de l'alternance jour et nuit

11. La création du soleil et l'inconscient

- Ce qui est dépeint, c'est un véritable accouchement
- Rê est enfermé dans un œuf
- La coquille le protège et joue le rôle d'inconscient
- Casser la coquille va permettre de passer de l'inconscient au conscient
- On est là devant une mère très mère, différente du parent oedipien
- Cette création divine de Rê pourrait être une justification du Roi, du Pharaon, fils de Rê

12. Les hommes proviennent des larmes de Rê et les dieux proviennent de sa salive

- L'homme qui naît du manque et donc du désir
- C'est un être inaccompli qui doit devenir ce qu'il est
- Un être qui est à l'image de Neith, évocation de l'image de Dieu
- C'est lui qui va rendre présent le dieu absent
- De leur côté, les dieux naissent de la présence, de la plénitude, de l'accomplissement
- Il y a aussi dans la salive un manque qui évoque le désir
- Mais dans la salive, il y a aussi la jouissance, le goût de la saveur

13. Le crachat

- On crache au lieu de parler : déficit de parole
- Il y a là de la colère et de la violence
- Mais le crachat est aussi expulsion de déchets

14. Le serpent Apophis

- Introduction de la négativité
- Du désordre face à l'ordre
- Apophis représente la libido
- Il ne semble pas être le mal, mais une force de mort qu'il faut intégrer pour en faire une force de vie
- Il faut avaler le serpent
- Apophis est inséparable de Rê, il est son frère
- Sa rébellion vient de son cœur, en référence à l'amour
- Le serpent d'airain est un moyen d'intégration de la force de mort qui est en soi
- Le rôle d'Apophis sera de lutter contre l'écriture, dans la mesure où elle risque d'enfermer la parole
- Ce serpent est principe d'évolution
- Mais il peut, en luttant contre l'écriture, s'attaquer aux structures symboliques de la création et devenir un principe du mal

15. Toth, le dieu de l'écriture

- C'est Toth qui va s'opposer à la dérive possible opérée par Apophis
- Il est le gardien de la Parole divine parce qu'il est le dieu de l'Écriture
- Cette Écriture représente les structures symboliques de la création, c'est-à-dire le fondement de la Parole
- Il lutte avec Apophis pour qu'il y ait intégration de la force de mort comme principe de vie

15. Les sept propos ou l'insertion des structures symboliques fondamentales dans la création

- Pour sortir du danger d'une dérive de la création, Neith est amenée à insérer dans la création les structures symboliques fondamentales
- Ces structures sont représentées par les sept propos
- Ils sont les fondements du langage qui permet à l'homme de parler

16. Mythe et philosophie

- Le mythe à l'origine de la philosophie : il représente ce qui est conçu par le cœur dans des temps immémoriaux
- Socrate est questionneur comme les dieux Khemenou
- Platon exprime la parole qui sort du mythe
- Aristote se situe dans une position de reconnaissance réflexive et d'élargissement
- Le problème qui se pose : est-il possible de faire de la philosophie sans revenir au mythe, à ce qui est conçu par le cœur ?

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