Méthode d'analyse des mythes

Les éléments du modèle :

La croix,
qui représente la structure
Les diagonales,
qui introduisent la mobilité
Les neufs points,
qui représentent les extémités de chaque ligne et le centre

Le fonctionnement :

- Chaque point représente une étape dans le déroulement de l'action ou du récit.
- Le déroulement chronologique commence en 1 et se termine en 9.
- Les deux extrémités de chaque ligne sont en opposition. L'opposition représente le plus souvent une différence, qui marque la progression, plutôt qu'une contradiction radicale.
- Le sens émerge au fur et à mesure de la progression.


 

Grille d'analyse du duel de Vérité et Mensonge

Premier temps : la structure

8

MENSONGE S'EMPARE DU BŒUF POUR LE MANGER ;
PROCÈS DEVANT L'ENNÉADE POUR FAIRE ÉCLATER LA VÉRITÉ

 


1

MENSONGE RÉCLAME UN COUTEAU QU'IL A PRÊTÉ À VERITE
- Vérité dit qu'il l'a égaré

 

 

 

 

7

LE BŒUF DU FILS DE VÉRITÉ CONFIE AU BERGER DE MENSONGE,
AU PÂTURAGE AVEC SES BÊTES


2

PROCÈS DEVANT L'ENNÉADE AVEUGLE GAGNÉ PAR MENSONGE
- Rendu aveugle, il devient le portier de la maison de Mensonge

 

 

9

LA VÉRITÉ RECONNUE ET MENSONGE CONDAMNÉ
- Condamné à avoir les deux yeux crevés, il devient le portier de Vérité

 

6

VÉRITÉ REND COMPTE À SON FILS DU PROCÈS
- C'est Mensonge qui l'a rendu aveugle


3

VÉRITÉ AVEUGLE ABANDONNÉ AU PIED D'UNE COLLINE, APRÈS AVOIR ECHAPPE À LA MORT

 

5

LE FILS DE VÉRITÉ RÉCLAME SON PERE QU'IL NE CONNAÎT PAS
- Sa mère lui dit que c'est l'aveugle qui est à la porte


4

RECUEILLI PAR UNE FEMME BIENVEILLANTE, VÉRITÉ A UN ENFANT AVEC ELLE
- Il devient le portier de la femme



Deuxième temps : les images

8

LE BŒUF PRIS PAR MENSONGE POUR LE MANGER ;
MENSONGE TRAÎNE JUSQU'AU TRIBUNAL DEVANT L'ENNÉADE ;
L'ENNÉADE SOMMEE DE DÉPARTAGER VÉRITÉ ET MENSONGE

 


1

LE COUTEAU MERVEILLEUX DE MENSONGE RECLAME ;
LE COUTEAU ÉGARÉ PAR VÉRITÉ;

 

 

7

LE PROCÈS RAPPORTÉ PAR VÉRITÉ A SON FILS ;
C'EST SON FRÈRE MENSONGE QUI L'A AVEUGLE

 


2

LE PROCÈS DEVANT L'ENNÉADE GAGNÉ PAR MENSONGE ;
LES DEUX YEUX CREVES DE VÉRITÉ RENDU AVEUGLE ;
VÉRITÉ PORTIER DE MENSONGE

 

 

 

9

LA VÉRITÉ QUI ECLATE ;
INVERSION DES SITUATIONS : MENSONGE AVEC LES YEUX CREVES, QUI DEVIENT PORTIER DE VÉRITÉ

 

 

6

LE PROCÈS RAPPORTÉ PAR VÉRITÉ A SON FILS ;
C'EST SON FRÈRE MENSONGE QUI L'A AVEUGLE


3

VÉRITÉ CONDAMNÉ PAR SON FRÈRE MENSONGE A ÊTRE JETÉ À UN LION FÉROCE ET À DES LIONNES NOMBREUSES ;
APRÈS DES SUPPLICATIONS VÉRITÉ ÉTENDU AU PIED D'UNE COLLINE

 

 

5

LE PÈRE RECLAME PAR LE FILS DE VÉRITÉ A SA MÈRE ;
LE PÈRE AVEUGLE À LA PORTE DE LA MÈRE


4

VÉRITÉ RECUEILLI PAR UNE FEMME BIENVEILLANTE ;
LA NAISSANCE D'UN FILS QUI AVAIT LA FAÇON ET LA FORME D'UN DIEU



Troisième temps : le sens

8

LE MENSONGE EST AVEUGLE PAR SA PEUR DU MANQUE ET DE LA MORT
- Ce qui lui manque est démesurément grossi


1

UN CONFLIT ENTRE LE MENSONGE ET LA VÉRITÉ
- Ce conflit a pour objet un couteau qui représente la force de mort

 

 

 

7

UN PIÈGE TENDU
- Mettre le mensonge en situation de révéler son fonctionnement pernicieux lorsqu'il a la première place
- Il empêche la vérité de jouer son rôle

 

 


2

LE MENSONGE L'EMPORTE ET C'EST L'AVEUGLEMENT QUI TIENT LIEU DE VÉRITÉ
- Mais la sanction d'aveuglement de Vérité est en réalité sa castration contre la toute-puissance

 

9

EN REVELANT LE FONCTIONNEMENT DU MENSONGE, ON FAIT ÉCLATER LA VÉRITÉ ET ON LUI REDONNE LA PREMIÈRE PLACE
- L'aveuglement de Mensonge apparaît ici comme sa propre castration après celle de Vérité

 

 

6

RÉVÉLATION DE LA CAUSE DE CETTE DISTORSION
- C'est le mensonge qui provoque l'aveuglement de la vérité


3

DÉSORMAIS LA VÉRITÉ EST EN DANGER DE MORT ; ELLE EST REJETEE ET BAFOUEE
- Elle n'est plus en mesure de faire son travail de dévoilement

 

5

DISTORSION ENTRE LA VÉRITÉ BAFOUEE ET LES BONS FRUITS QU'ELLE PRODUIT


4

EN DÉPIT DE L'AVEUGLEMENT GENERAL, LA BIENVEILLANCE D'UNE FEMME FAIT APPARAÎTRE LA BEAUTÉ DE LA VÉRITÉ BAFOUEE
- Cette vérité donne naissance à l'amour et à la création

 

 

La victoire de la vérité sur le mensonge


1. Le mensonge cache ce que la vérité veut révéler
2. Chacun joue son rôle, mais il est important que le mensonge soit au service de la vérité
3. Le mensonge cache ce qu'exprime le couteau c'est-à-dire la force de mort
4. Ce fonctionnement est utile pour assurer le primat de la vie sur la mort
5. Mais si la force de mort est évacuée, la vie stagne
6. C'est pourquoi la vérité essaie de la révéler pour en faire une force de création, qui fait avancer la vie
7. Nous assistons dans ce texte à une lutte entre la vérité et le mensonge pour que l'une et l'autre puissent avoir leur place
8. Dans un premier temps, c'est le mensonge qui l'emporte
9. La vérité est au service du mensonge et, d'une certaine façon, la vie au service de la mort ; en fait, ce n'est qu'un premier temps qui permet une castration de Vérité face à la toute-puissance
10. Mais il y a un phénomène d'inversion et la vérité elle-même ne peut accomplir son oeuvre
11. Elle ne perd pourtant pas toute sa force lorsque la bienveillance permet de la reconnaître
12. Elle donne alors naissance à l'amour et à la création
13. Mais la parole de vérité n'est pas dite et le fils ne sait pas qui est son père
14. Lorsque le fils retrouve sa filiation, il entre dans l'ordre de la parole et va s'efforcer de remettre les choses en ordre en redonnant sa place à la vérité
15. Il commence par reconnaître la place de la force de mort, qui prend la forme du crocodile
16. Il met alors le mensonge en situation de révéler son comportement pernicieux lorsqu'on lui donne la première place
17. Le mensonge est lui-même aveuglé par sa peur du manque et de la mort
18. Il grossit démesurément tout ce qui lui manque : c'est pourquoi le couteau égaré a pris des proportions considérables
19. Le fils de vérité peut alors ouvrir les yeux des dieux et rétablir l'ordre des choses : le mensonge sera mis au service de la vérité
20. Ses yeux qui l'aveuglent sont crevés pour assurer sa propre castration et lui apprendre à voir autrement
21. À travers ses blessures, c'est le manque qui est inscrit dans son corps
22. Chacun peut alors jouer son rôle normalement dans un paradoxe indispensable à la vie
23. Il faut pourtant savoir que ce qu'on appelle ici le mensonge correspond plutôt au fonctionnement de l'inconscient

 

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Notes prises par Charles Lallemand


Texte de -1200 avant J.C. Conte mythique qui évoque le Jugement de Salomon, (texte biblique -550 avant J.C.)
I) Vérité et Mensonge sont frères ; on ne peut les séparer l'un de l'autre. Ce n'est pas comme le bien et le mal (le mal n'est pas nécessaire). Le mensonge ici est nécessaire pour mettre en perspective la vérité. Il y a au départ les deux frères ; et il y a quelque chose en plus : un couteau merveilleux. La vérité révèle en séparant les choses (l'épée dans le jugement de Salomon). C'est un problème que le couteau soit égaré ; il est dangereux dans sa symbolique, on ne sait pas ce qu'il va produire. Le couteau renvoie à la force de mort. C'est quoi le Vrai, le Beau ? Pourquoi ce couteau est-il merveilleux ? C'est un couteau relié à la toute-puissance que Mensonge n'a pas donné (il l'a prêté) et qu'il va reprendre. Le couteau est un attribut de la Vérité. La vérité révélée (dévoilée, non-cachée ????e?a) ; cette force de mort va servir à faire la vérité. Mensonge a peur de la mort et ne veut pas que le dévoilement opère car ce dévoilement peut être catastrophique. Il faut qu'il y ait quelque chose qui me voile la mort et quelque chose d'autre qui me dévoile. Le mensonge c'est plus que le contraire de la vérité. Quelqu'un qui a une grave maladie, faut-il la lui voiler ou la lui dévoiler ? On a tous peur de la mort ; Vérité utilise cette force de mort pour faire advenir la Parole, et l'homme ; à condition de considérer Vérité et Mensonge comme des fonctions et ne pas tomber dans le piège de l'allégorie avec un duel entre deux acteurs. On ne dit pas " Le mensonge " et " La vérité " car dans ce cas on serait dans la toute-puissance des personnages, mais on dit " Mensonge et Vérité " : la Loi est supérieure ; par elle, la relation reste triangulaire, on est dans la Parole et dans la civilisation.
Dans le récit de la Chute pour le Serpent la mort n'existe pas alors que Dieu dit " Si vous mangez de ce fruit vous aurez la mort " ; or s'ils acceptent la mort, ils se mettent à vivre. Parler, ça veut dire : dire la mort. Œdipe se crève les yeux quand il a vu qu'il avait couché avec sa mère ; les yeux crevés, c'est la castration, la conscience de sa propre mortalité ; il faut que la vérité soit castrée dans sa propre fonction ; si elle est le Tout elle est tyrannique.
Le tétraèdre de Lacan : c'est un tétraèdre orienté avec 4 sommets nourris chacun par un autre qui lui même fournit à un autre sommet; il n'y a qu'une possibilité, combinaison, pour que les quatre sommets soient nourris de cette façon là et fournissent les autres, c.a.d. soient pris dans une circulation. À ce tétraèdre, Lacan va supprimer un côté. En supprimant un côté la place de la Vérité se trouve à une place isolée; elle fournit mais elle ne reçoit pas.

S1 S2 Autre S1 S2 S1 Signifiant Maître, S2 Le savoir
$ Le Sujet, a le plus-de-jouir
$ Vérité a Production $ a
Permutation circulaire; nous obtenons les 4 discours; c'est la structure, symbolique. Là, on n'est pas dans l'affect, c'est un ordonnancement. Chaque discours ménage une place hors circulation, la place de la Vérité. Considérons le discours du maître : entre $ et a il n'y a pas de flèche; en aucun cas dans le Discours du maître le "plus-de-jouir" vient profiter au sujet. Pour qu'il y ait un maître il faut qu'il y ait renoncement à la jouissance. Que se passe-t-il si je rétablie une 4ème flèche? Je rétablie la circulation entre a et $, la place de la Vérité n'est plus préservée; le sujet est rétabli entre la jouissance et le "plus-de-jouir" qui génère une plus-value, comme la plus-value marxiste; il n'y a plus le Discours du maître; on est sur un yacht; on croit élire un maître et soudain, on s'aperçoit qu'il va jouir. Quand on est dans le discours du maître, on est dans la structure, dans la place de cette structure préservée; le maître n'est pas dans cette dépendance de l'économie. Quand on dit "les autres", c'est qui cette majorité ? La question, c'est que quand nous élisons un président, cela implique l'espace d'un domaine protégé. La question de cette production a, c'est la question du "plus-de-jouir" : on n'est pas dans le Discours du maître, on est dans le 5ème Discours, le Discours du capitaliste. Dans la mesure où il n'y a plus une place préservée, la circularité dans ce Discours se fait complètement. "Moi je, ça ne coûte rien". Si, ça coûte symboliquement. Inversion du Discours du maître : c'est le Sujet $ qui devient l'Agent S1 et qui se trouve dès lors en position de maître du signifiant, ce qui lui permet de récupérer le plus-de-jouir a : Le S1 va être absolument dépendant de la plus-value : s'il faut qu'il y ait plus de plus-value, on va licencier cinq mille personnes etc...ça alimente l'économie. Le Discours du capitaliste met le sujet à la place d'agent, un sujet débarrassé de son assujettissement à son histoire, à sa généalogie, libéré de toute inscription signifiante ; il tend à transformer le prolétaire, esclave moderne écrasé sous le discours du maître, en libre consommateur. " C'est quelque chose de follement astucieux, dit Lacan en 1972, mais voué à la crevaison ; ça marche trop vite, ça se consomme, ça se consume, c'est intenable " car il y a un hic et ce hic c'est le rejet de la castration qu'opérait le discours du Maître et la mise en place d'un monde sans limite, volonté de jouissance du Discours du capitaliste. La bascule qu'a opérée le discours marxiste, c'est que le "plus-de-jouir" va être traduit par une plus-value; à partir de la Révolution industrielle on bascule : le comptable va venir quantifier ce "plus-de-jouir"; Or l'économie, ce n'est pas que du quantifiable; quel régime peut échapper à ce discours? Si nous parlons de mondialisation, qui échappe à ce discours capitaliste? Qui peut parler d'autorité? Les monarchies au pouvoir? Nous ne pouvons plus croire à une monarchie de droit divin; même l'Église n'y arrive plus. C'est ça la force d'un discours. Quand vous rétablissez un discours, quand la Production vient s'attacher à la Vérité, l'instrumentaliser. Cette transformation pour Sarcosy est devenue limpide. Lacan : "votre attente, c'est celle d'un vrai maître." Pourquoi l'effacement de cette arrête, de cette flèche, pourquoi nous ne pouvons plus concevoir qu'il y ait un "impossible"? Le réchauffement climatique, nous devons le maîtriser de plus en plus, ce n'est pas critiquable, nous n'allons pas critiquer la maîtrise de plus en plus importante sur le Réel. Mais il n'y a plus de vérité préservée; l'homme ne contrôle pas tout, il y a quelque chose qui lui échappe; Freud : "l'inconscient n'est pas l'inverse de la conscience." Cette vérité-là qui nous échappe, il faudrait absolument la contrôler. Pourquoi les sciences cognitives ont pris un pas énorme sur la psychanalyse? Quand le maître S1 tombe sous la dépendance de l'économie au point d'entrer dans le jeu d'une limpide circularité de la Production a sous couvert de plus-value et de "plus-de-jouir", c'est une instrumentalisation de la Vérité qui s'opère, une jouissance qui n'est pas bordée, mais guidée par la pulsion, par l'objet, par "l'homme usager" tel que le décrit Hannah Arendt dans Condition de l'homme moderne : "Platon vit immédiatement que si l'on fait de l'homme la mesure de tous les objets d'usage, c'est avec l'homme usager et instrumentalisant que le monde est mis en rapport, et non avec l'homme parlant et agissant ni avec l'homme pensant. Si on laisse les normes de "l'homo faber" gouverner le monde fini comme elles gouvernent, il le faut bien, la création du monde, "l'homo faber" se servira un jour de tout et considérera tout ce qui existe comme un simple moyen à son usage. Il classera toutes choses parmi les ???µata (Théétète 152a), les objets d'usage, (les biens, l'argent), et par exemple on ne comprendra plus le vent tel qu'il est comme force naturelle, on le considérera exclusivement par rapport aux besoins humains de fraîcheur ou de chaleur, ce qui évidement signifie que le vent en tant que chose objectivement donnée aura été éliminé de l'expérience humaine. C'est à cause de ces conséquences que Platon, qui rappelle encore dans Les lois (716 c) la phrase de Protagoras, réplique par une formule presque paradoxale : ce n'est pas l'homme ?????p??, qui en raison de ses besoins et de ses talents veut tout utiliser et, par conséquent, finit par priver toutes choses de leur valeur intrinsèque, ce n'est pas l'homme mais le dieu ? ?e?? qui est la mesure[même] des objets d'usage." (éd.Agora p.213)
L'un est portier de l'autre ; au début " portier de ma maison " et à la fin " portier dans la maison " ; le gardien est celui qui est à l'intérieur et à l'extérieur.
Mensonge constate les qualités de son frère et quelque chose dans Vérité qu'il n'a pas ; lutte entre eux deux. Mais ils ne sont pas ennemis, ils sont frères, ils sont semblables. " Trouvez un autre à ma place " ou " trouvez moi une autre place ". Pour le moment on est seulement dans la castration de la vérité. Elle est sans voix au départ ; elle a perdu la parole en perdant les yeux. Ce n'est pas une vérité intrinsèque, divine. Mensonge par contre est dans la toute-puissance, il veut voiler la force de mort. Abel et Caïn : frères, jalousie (privation-jouissance : ce dont tu jouis, c'est quelque chose dont j'ai été privé, c'est pourquoi prendre à l'autre devient un droit. Envie-mensonge). " Le vautour a embrassé la poule jusqu'à son dernier soupir ". Mensonge se réfère à une conscience suprême, l'Ennéade des dieux.
La vérité permet de mettre les choses en place, ce qui fait sa beauté. " Il est beau à mon désir ". Rapport entre beauté et parole ; la beauté n'existe pas en tant que telle pas plus que la vérité. " Je est un autre ". Vérité est aveugle, les femmes vont le chercher, il est objet et aussi sujet. La vérité n'est elle-même qu'une référence à l'absolu. Le Corbusier : " L'espace renvoie à un espace invisible ".

II) Une parole de filiation qui n'a pas été dite. Tout le poids du symbolique passe par la parole de la mère. Chez les juifs la filiation passe par la mère parce qu'on n'est jamais sûr de qui est le père. Le pater familias romain c'est l'adoption : celui-là devenait le fils ; dans la généalogie.
Le crocodile : il mange le soleil tous les soirs pour qu'il puisse renaître ; il faut que le passé soit mangé pour que le nouveau renaisse, " à nouveau " plutôt que " de nouveau ". C'est ça l'amour, " l'amour, c'est miam-miam " dit Lacan.
La grande passivité de Vérité. Le fait d'avoir été rendu aveugle dans son travail de dévoilement (le fait de lui crever les yeux, c'était l'empêcher de continuer son travail de dévoilement). Est-ce que dans la castration il y a quelque chose du meurtre ? Oui, au sens symbolique. C'est parce qu'il y a la parole qu'il y a possibilité de Vérité et Mensonge. Lien entre Vérité et désir ; ici pulsion de vérité. Et s'il y a du plaisir dans Mensonge, c'est qu'il y a du désir ; désir de mort.

III) Le bœuf. Il est dans la castration ; il est très beau, c'est l'effet de la vérité. Où est mon bœuf ? C'est le bœuf de l'autre qui est au centre. La parole, c'est d'abord un acte de parole. Double dimension de la parole : l'acte et ce qui est dit. 1er niveau : le mensonge. 2ème niveau : la parole qui révèle le mensonge. 3ème niveau : la vérité est relative ; la science ne peut pas dire ce qu'est la vérité. On est dans la parole-glaive, non plus une vérité comme reflet de la réalité mais comme ouverture : existe-t-il un couteau, non pas en vérité mais en réalité ? Non, il n'existe pas en réalité. Cette vérité n'est donc pas la réalité, ce n'est pas la vérité scientifique. La parole nous fait percevoir cette vérité qui vacille, les fondements de la parole ; ensuite il nous faut revenir à la réalité ; la castration, ce peut être ce retour à la réalité, mais sans nier l'imaginaire dont s'est nourrie la parole. " Vous savez que mon bœuf merveilleux n'existe pas ; donc mon couteau n'existe pas ". Le plus important, c'est qu'il y ait eu transmission de la parole, la transmission du nom du père qui permet d'aller devant le tribunal, mais non pas avec une idée de vengeance ; c'est plutôt la notion de "dette" que le tribunal par son jugement a pour fonction de rappeler.
Imprimer le manque dans le corps de Mensonge. Ne pas prendre un organe sexuel pour le Phallus. Dans la maison de Vérité, Mensonge est tenu au service de Vérité, portier " devant " puis " dans " la maison.
Rédouane nous rapporte cette énigme du Jugement dernier : une porte ouvre sur l'enfer, l'autre porte sur le paradis ; à chacune de ces deux portes se trouve un gardien ; l'un dit toujours la vérité, l'autre le mensonge. Selon ton ami, quelle est la bonne porte, celle qui ouvre sur le paradis ? Il n'a droit qu'à une seule question.
La réponse, c'est que l'un des deux gardiens fasse intervenir l'autre : Vérité et Mensonge sont liés.

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