Le fonctionnement :- Chaque point représente une étape dans le déroulement de l'action
ou du récit. |
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La victoire de la vérité sur le mensonge
1. Le mensonge cache ce que la vérité veut révéler
2. Chacun joue son rôle, mais il est important que le mensonge soit
au service de la vérité
3. Le mensonge cache ce qu'exprime le couteau c'est-à-dire la force
de mort
4. Ce fonctionnement est utile pour assurer le primat de la vie sur la mort
5. Mais si la force de mort est évacuée, la vie stagne
6. C'est pourquoi la vérité essaie de la révéler
pour en faire une force de création, qui fait avancer la vie
7. Nous assistons dans ce texte à une lutte entre la vérité
et le mensonge pour que l'une et l'autre puissent avoir leur place
8. Dans un premier temps, c'est le mensonge qui l'emporte
9. La vérité est au service du mensonge et, d'une certaine
façon, la vie au service de la mort ; en fait, ce n'est qu'un premier
temps qui permet une castration de Vérité face à la
toute-puissance
10. Mais il y a un phénomène d'inversion et la vérité
elle-même ne peut accomplir son oeuvre
11. Elle ne perd pourtant pas toute sa force lorsque la bienveillance permet
de la reconnaître
12. Elle donne alors naissance à l'amour et à la création
13. Mais la parole de vérité n'est pas dite et le fils ne
sait pas qui est son père
14. Lorsque le fils retrouve sa filiation, il entre dans l'ordre de la parole
et va s'efforcer de remettre les choses en ordre en redonnant sa place à
la vérité
15. Il commence par reconnaître la place de la force de mort, qui
prend la forme du crocodile
16. Il met alors le mensonge en situation de révéler son comportement
pernicieux lorsqu'on lui donne la première place
17. Le mensonge est lui-même aveuglé par sa peur du manque
et de la mort
18. Il grossit démesurément tout ce qui lui manque : c'est
pourquoi le couteau égaré a pris des proportions considérables
19. Le fils de vérité peut alors ouvrir les yeux des dieux
et rétablir l'ordre des choses : le mensonge sera mis au service
de la vérité
20. Ses yeux qui l'aveuglent sont crevés pour assurer sa propre castration
et lui apprendre à voir autrement
21. À travers ses blessures, c'est le manque qui est inscrit dans
son corps
22. Chacun peut alors jouer son rôle normalement dans un paradoxe
indispensable à la vie
23. Il faut pourtant savoir que ce qu'on appelle ici le mensonge correspond
plutôt au fonctionnement de l'inconscient
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Notes prises par Charles Lallemand
Texte de -1200 avant J.C. Conte mythique qui évoque le Jugement de
Salomon, (texte biblique -550 avant J.C.)
I) Vérité et Mensonge sont frères ; on ne peut les
séparer l'un de l'autre. Ce n'est pas comme le bien et le mal (le
mal n'est pas nécessaire). Le mensonge ici est nécessaire
pour mettre en perspective la vérité. Il y a au départ
les deux frères ; et il y a quelque chose en plus : un couteau merveilleux.
La vérité révèle en séparant les choses
(l'épée dans le jugement de Salomon). C'est un problème
que le couteau soit égaré ; il est dangereux dans sa symbolique,
on ne sait pas ce qu'il va produire. Le couteau renvoie à la force
de mort. C'est quoi le Vrai, le Beau ? Pourquoi ce couteau est-il merveilleux
? C'est un couteau relié à la toute-puissance que Mensonge
n'a pas donné (il l'a prêté) et qu'il va reprendre.
Le couteau est un attribut de la Vérité. La vérité
révélée (dévoilée, non-cachée
????e?a) ; cette force de mort va servir à faire la vérité.
Mensonge a peur de la mort et ne veut pas que le dévoilement opère
car ce dévoilement peut être catastrophique. Il faut qu'il
y ait quelque chose qui me voile la mort et quelque chose d'autre qui me
dévoile. Le mensonge c'est plus que le contraire de la vérité.
Quelqu'un qui a une grave maladie, faut-il la lui voiler ou la lui dévoiler
? On a tous peur de la mort ; Vérité utilise cette force de
mort pour faire advenir la Parole, et l'homme ; à condition de considérer
Vérité et Mensonge comme des fonctions et ne pas tomber dans
le piège de l'allégorie avec un duel entre deux acteurs. On
ne dit pas " Le mensonge " et " La vérité "
car dans ce cas on serait dans la toute-puissance des personnages, mais
on dit " Mensonge et Vérité " : la Loi est supérieure
; par elle, la relation reste triangulaire, on est dans la Parole et dans
la civilisation.
Dans le récit de la Chute pour le Serpent la mort n'existe pas alors
que Dieu dit " Si vous mangez de ce fruit vous aurez la mort "
; or s'ils acceptent la mort, ils se mettent à vivre. Parler, ça
veut dire : dire la mort. dipe se crève les yeux quand il a
vu qu'il avait couché avec sa mère ; les yeux crevés,
c'est la castration, la conscience de sa propre mortalité ; il faut
que la vérité soit castrée dans sa propre fonction
; si elle est le Tout elle est tyrannique.
Le tétraèdre de Lacan : c'est un tétraèdre orienté
avec 4 sommets nourris chacun par un autre qui lui même fournit à
un autre sommet; il n'y a qu'une possibilité, combinaison, pour que
les quatre sommets soient nourris de cette façon là et fournissent
les autres, c.a.d. soient pris dans une circulation. À ce tétraèdre,
Lacan va supprimer un côté. En supprimant un côté
la place de la Vérité se trouve à une place isolée;
elle fournit mais elle ne reçoit pas.
S1 S2 Autre S1 S2 S1 Signifiant Maître, S2 Le savoir
$ Le Sujet, a le plus-de-jouir
$ Vérité a Production $ a
Permutation circulaire; nous obtenons les 4 discours; c'est la structure,
symbolique. Là, on n'est pas dans l'affect, c'est un ordonnancement.
Chaque discours ménage une place hors circulation, la place de la
Vérité. Considérons le discours du maître : entre
$ et a il n'y a pas de flèche; en aucun cas dans le Discours du maître
le "plus-de-jouir" vient profiter au sujet. Pour qu'il y ait un
maître il faut qu'il y ait renoncement à la jouissance. Que
se passe-t-il si je rétablie une 4ème flèche? Je rétablie
la circulation entre a et $, la place de la Vérité n'est plus
préservée; le sujet est rétabli entre la jouissance
et le "plus-de-jouir" qui génère une plus-value,
comme la plus-value marxiste; il n'y a plus le Discours du maître;
on est sur un yacht; on croit élire un maître et soudain, on
s'aperçoit qu'il va jouir. Quand on est dans le discours du maître,
on est dans la structure, dans la place de cette structure préservée;
le maître n'est pas dans cette dépendance de l'économie.
Quand on dit "les autres", c'est qui cette majorité ? La
question, c'est que quand nous élisons un président, cela
implique l'espace d'un domaine protégé. La question de cette
production a, c'est la question du "plus-de-jouir" : on n'est
pas dans le Discours du maître, on est dans le 5ème Discours,
le Discours du capitaliste. Dans la mesure où il n'y a plus une place
préservée, la circularité dans ce Discours se fait
complètement. "Moi je, ça ne coûte rien".
Si, ça coûte symboliquement. Inversion du Discours du maître
: c'est le Sujet $ qui devient l'Agent S1 et qui se trouve dès lors
en position de maître du signifiant, ce qui lui permet de récupérer
le plus-de-jouir a : Le S1 va être absolument dépendant de
la plus-value : s'il faut qu'il y ait plus de plus-value, on va licencier
cinq mille personnes etc...ça alimente l'économie. Le Discours
du capitaliste met le sujet à la place d'agent, un sujet débarrassé
de son assujettissement à son histoire, à sa généalogie,
libéré de toute inscription signifiante ; il tend à
transformer le prolétaire, esclave moderne écrasé sous
le discours du maître, en libre consommateur. " C'est quelque
chose de follement astucieux, dit Lacan en 1972, mais voué à
la crevaison ; ça marche trop vite, ça se consomme, ça
se consume, c'est intenable " car il y a un hic et ce hic c'est le
rejet de la castration qu'opérait le discours du Maître et
la mise en place d'un monde sans limite, volonté de jouissance du
Discours du capitaliste. La bascule qu'a opérée le discours
marxiste, c'est que le "plus-de-jouir" va être traduit par
une plus-value; à partir de la Révolution industrielle on
bascule : le comptable va venir quantifier ce "plus-de-jouir";
Or l'économie, ce n'est pas que du quantifiable; quel régime
peut échapper à ce discours? Si nous parlons de mondialisation,
qui échappe à ce discours capitaliste? Qui peut parler d'autorité?
Les monarchies au pouvoir? Nous ne pouvons plus croire à une monarchie
de droit divin; même l'Église n'y arrive plus. C'est ça
la force d'un discours. Quand vous rétablissez un discours, quand
la Production vient s'attacher à la Vérité, l'instrumentaliser.
Cette transformation pour Sarcosy est devenue limpide. Lacan : "votre
attente, c'est celle d'un vrai maître." Pourquoi l'effacement
de cette arrête, de cette flèche, pourquoi nous ne pouvons
plus concevoir qu'il y ait un "impossible"? Le réchauffement
climatique, nous devons le maîtriser de plus en plus, ce n'est pas
critiquable, nous n'allons pas critiquer la maîtrise de plus en plus
importante sur le Réel. Mais il n'y a plus de vérité
préservée; l'homme ne contrôle pas tout, il y a quelque
chose qui lui échappe; Freud : "l'inconscient n'est pas l'inverse
de la conscience." Cette vérité-là qui nous échappe,
il faudrait absolument la contrôler. Pourquoi les sciences cognitives
ont pris un pas énorme sur la psychanalyse? Quand le maître
S1 tombe sous la dépendance de l'économie au point d'entrer
dans le jeu d'une limpide circularité de la Production a sous couvert
de plus-value et de "plus-de-jouir", c'est une instrumentalisation
de la Vérité qui s'opère, une jouissance qui n'est
pas bordée, mais guidée par la pulsion, par l'objet, par "l'homme
usager" tel que le décrit Hannah Arendt dans Condition de l'homme
moderne : "Platon vit immédiatement que si l'on fait de l'homme
la mesure de tous les objets d'usage, c'est avec l'homme usager et instrumentalisant
que le monde est mis en rapport, et non avec l'homme parlant et agissant
ni avec l'homme pensant. Si on laisse les normes de "l'homo faber"
gouverner le monde fini comme elles gouvernent, il le faut bien, la création
du monde, "l'homo faber" se servira un jour de tout et considérera
tout ce qui existe comme un simple moyen à son usage. Il classera
toutes choses parmi les ???µata (Théétète 152a),
les objets d'usage, (les biens, l'argent), et par exemple on ne comprendra
plus le vent tel qu'il est comme force naturelle, on le considérera
exclusivement par rapport aux besoins humains de fraîcheur ou de chaleur,
ce qui évidement signifie que le vent en tant que chose objectivement
donnée aura été éliminé de l'expérience
humaine. C'est à cause de ces conséquences que Platon, qui
rappelle encore dans Les lois (716 c) la phrase de Protagoras, réplique
par une formule presque paradoxale : ce n'est pas l'homme ?????p??, qui
en raison de ses besoins et de ses talents veut tout utiliser et, par conséquent,
finit par priver toutes choses de leur valeur intrinsèque, ce n'est
pas l'homme mais le dieu ? ?e?? qui est la mesure[même] des objets
d'usage." (éd.Agora p.213)
L'un est portier de l'autre ; au début " portier de ma maison
" et à la fin " portier dans la maison " ; le gardien
est celui qui est à l'intérieur et à l'extérieur.
Mensonge constate les qualités de son frère et quelque chose
dans Vérité qu'il n'a pas ; lutte entre eux deux. Mais ils
ne sont pas ennemis, ils sont frères, ils sont semblables. "
Trouvez un autre à ma place " ou " trouvez moi une autre
place ". Pour le moment on est seulement dans la castration de la vérité.
Elle est sans voix au départ ; elle a perdu la parole en perdant
les yeux. Ce n'est pas une vérité intrinsèque, divine.
Mensonge par contre est dans la toute-puissance, il veut voiler la force
de mort. Abel et Caïn : frères, jalousie (privation-jouissance
: ce dont tu jouis, c'est quelque chose dont j'ai été privé,
c'est pourquoi prendre à l'autre devient un droit. Envie-mensonge).
" Le vautour a embrassé la poule jusqu'à son dernier
soupir ". Mensonge se réfère à une conscience
suprême, l'Ennéade des dieux.
La vérité permet de mettre les choses en place, ce qui fait
sa beauté. " Il est beau à mon désir ". Rapport
entre beauté et parole ; la beauté n'existe pas en tant que
telle pas plus que la vérité. " Je est un autre ".
Vérité est aveugle, les femmes vont le chercher, il est objet
et aussi sujet. La vérité n'est elle-même qu'une référence
à l'absolu. Le Corbusier : " L'espace renvoie à un espace
invisible ".
II) Une parole de filiation qui n'a pas été dite. Tout le
poids du symbolique passe par la parole de la mère. Chez les juifs
la filiation passe par la mère parce qu'on n'est jamais sûr
de qui est le père. Le pater familias romain c'est l'adoption : celui-là
devenait le fils ; dans la généalogie.
Le crocodile : il mange le soleil tous les soirs pour qu'il puisse renaître
; il faut que le passé soit mangé pour que le nouveau renaisse,
" à nouveau " plutôt que " de nouveau ".
C'est ça l'amour, " l'amour, c'est miam-miam " dit Lacan.
La grande passivité de Vérité. Le fait d'avoir été
rendu aveugle dans son travail de dévoilement (le fait de lui crever
les yeux, c'était l'empêcher de continuer son travail de dévoilement).
Est-ce que dans la castration il y a quelque chose du meurtre ? Oui, au
sens symbolique. C'est parce qu'il y a la parole qu'il y a possibilité
de Vérité et Mensonge. Lien entre Vérité et
désir ; ici pulsion de vérité. Et s'il y a du plaisir
dans Mensonge, c'est qu'il y a du désir ; désir de mort.
III) Le buf. Il est dans la castration ; il est très
beau, c'est l'effet de la vérité. Où est mon buf
? C'est le buf de l'autre qui est au centre. La parole, c'est d'abord
un acte de parole. Double dimension de la parole : l'acte et ce qui est
dit. 1er niveau : le mensonge. 2ème niveau : la parole qui révèle
le mensonge. 3ème niveau : la vérité est relative ;
la science ne peut pas dire ce qu'est la vérité. On est dans
la parole-glaive, non plus une vérité comme reflet de la réalité
mais comme ouverture : existe-t-il un couteau, non pas en vérité
mais en réalité ? Non, il n'existe pas en réalité.
Cette vérité n'est donc pas la réalité, ce n'est
pas la vérité scientifique. La parole nous fait percevoir
cette vérité qui vacille, les fondements de la parole ; ensuite
il nous faut revenir à la réalité ; la castration,
ce peut être ce retour à la réalité, mais sans
nier l'imaginaire dont s'est nourrie la parole. " Vous savez que mon
buf merveilleux n'existe pas ; donc mon couteau n'existe pas ".
Le plus important, c'est qu'il y ait eu transmission de la parole, la transmission
du nom du père qui permet d'aller devant le tribunal, mais non pas
avec une idée de vengeance ; c'est plutôt la notion de "dette"
que le tribunal par son jugement a pour fonction de rappeler.
Imprimer le manque dans le corps de Mensonge. Ne pas prendre un organe sexuel
pour le Phallus. Dans la maison de Vérité, Mensonge est tenu
au service de Vérité, portier " devant " puis "
dans " la maison.
Rédouane nous rapporte cette énigme du Jugement dernier :
une porte ouvre sur l'enfer, l'autre porte sur le paradis ; à chacune
de ces deux portes se trouve un gardien ; l'un dit toujours la vérité,
l'autre le mensonge. Selon ton ami, quelle est la bonne porte, celle qui
ouvre sur le paradis ? Il n'a droit qu'à une seule question.
La réponse, c'est que l'un des deux gardiens fasse intervenir l'autre
: Vérité et Mensonge sont liés.
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