Méthode d'analyse des mythes

Les éléments du modèle :

La croix,
qui représente la structure
Les diagonales,
qui introduisent la mobilité
Les neufs points,
qui représentent les extémités de chaque ligne et le centre

Le fonctionnement :

- Chaque point représente une étape dans le déroulement de l'action ou du récit.
- Le déroulement chronologique commence en 1 et se termine en 9.
- Les deux extrémités de chaque ligne sont en opposition. L'opposition représente le plus souvent une différence, qui marque la progression, plutôt qu'une contradiction radicale.
- Le sens émerge au fur et à mesure de la progression.


Grille d'analyse du nom

Attention ! Si vous avez des difficultés à voir les grilles d'un seul coup d'oeil,
vous pouvez les visualiser au format word en appuyant sur :

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Premier temps : la structure

8

GRANDE JOIE AU VILLAGE
- La femme meurtrière donne naissance à un fils
- Les femmes en âge de procréer sont enceintes


1

UN VILLAGE SANS LIEN, SANS NOM, SANS IDENTITE
- Le village n'est qu'un ensemble d'habitations
- Il a quelque chose d'inquiétant

 

7

L'OISEAU TUE DONNE SON NOM AU VILLAGE
- C'est le souhait de la femme meurtrière
- Le chef approuve
- Tous les habitants approuvent à leur tour


2

LES FEMMES N'ONT PAS D'ENFANTS
- Elles ne connaissent pas les joies de la maternité
- Aucun bébé n'a vu le jour sur ce territoire

 

9

LE VILLAGE REVIT
- Il y a des cris d'enfants partout

 

6

AU BOUT DE SIX SEMAINES APRES LES FUNERAILLES, LA FEMME MEURTRIERE EST ENCEINTE
- Elle annonce le miracle
- C'est l'explosion de joie


3

MEURTRE D'UN OISEAU QUI NE VEUT PAS DONNER SON NOM AU VILLAGE (AUX GENS DU VILLAGE)
- La femme lance une pierre
- L'oiseau tombe comme un fruit mûr

 

5

LE VILLAGE SE RASSEMBLE POUR FAIRE DES FUNERAILLES GRANDIOSES A L'OISEAU MORT
- Pendant trois jours la population se relaie
- On joue du tam-tam
- Les femmes pleurent et prient


4

LA MORT QUI FAIT PEUR
- L'oiseau tué est un oiseau marabout
- Sa mort porte malheur



Deuxième temps : les images

8

LA VIE QUI REVIENT
- La femme qui met au monde un fils
- Les autres épouses enceintes


1

UN VILLAGE SANS NOM INQUIETANT
- Une somme de maisons
- Un village pas comme les autres
- Une halte peu sûre

 

7

L'OISEAU TUE QUI DONNE SON NOM AU VILLAGE
- La fête au village
- L'oiseau enseveli qui donne son nom


2

LES FEMMES STERILES
- Les enfants absents
- La tristesse

 

 

9

LES CRIS D'ENFANTS
- Les ruelles remplies de cris d'enfants
- Les voyageurs attirés

 

6

LA JEUNE FEMME ENCEINTE
- L'enfant dans le ventre
- La mère rieuse


3

L'OISEAU TUE PAR UNE HABITANTE
- Le bois mort
- Le chant exceptionnel d'une femme
- L'oiseau moqueur qui ne veut pas donner son nom
- L'oiseau tombé à terre

 

 

5

LES FUNERAILLES GRAN-DIOSES
- Le tam-tam
- La danse
- La prière
- L'ensevelissement


4

LA PEUR DE LA MORT
- La jeune femme désolée
- Le visage grave du mari
- Les habitants qui craignent le malheur
- Le chef du village catastro-phé




Analyse du sens

 

8

LORSQUE LA FORCE DE MORT EST INSCRITE DANS LA PAROLE, C'EST LA VIE QUI SE REPETE
- La femme met un monde un fils
- Toutes les épouses sont enceintes


1

IL MANQUE AU VILLAGE QUELQUE CHOSE QUI FASSE LIEN
- Il manque un nom
- Le nom donne une identité
- L'identité permet le lien

 

7

LORSQUE LA VIE REPREND LA PREMIERE PLACE, LA FORCE DE MORT PEUT ÊTRE INTEGREE ET DONNER NAISSANCE A LA PAROLE
- La force de mort, inscrite dans le nom, féconde la vie
- Elle donne naissance à la parole


2

LE MANQUE DE LIEN BLOQUE LA FECONDITE DES FEMMES
- La confusion dans les rapports
- La vie ne passe pas

 

9

L'ENFANT, OU LA VIE EN SON COMMENCEMENT, EST AU CENTRE
- Au centre du village
- Au centre de soi-même (l'enfant qui est en soi)

 

6

LORSQUE LA MORT FAIT LIEN, LA FECONDITE DE LA VIE REVIENT
- La mort introduit la séparation
- Elle permet de sortir de la confusion
- Elle ouvre la voie à la vie


3

LE MANQUE DE LIEN PROVOQUE LA MORT
- La mort prend le pas sur la vie
- Elle empêche l'échange de filiation

 

5

DANS LE TRAVAIL DE DEUIL, LA MORT COMMENCE A FAIRE LIEN
- Tout le village se rassemble


4

CETTE MORT PEUT SE RÉPÉTER
- Lorsque la mort n'est pas liée à la vie, elle se répète
- Pour éviter la répétition, il faut affronter la force de mort

 

Le processus de constitution du sujet


Nous analyserons une double évolution : celle de la femme et celle du village.


La constitution du sujet chez la femme


Nous allons faire apparaître les différentes étapes de cette constitution.

1. Confusion

- dans les relations avec les gens du village
- dans le rapport entre la vie et la mort, entre force de vie et force de mort

2. La confusion provoque la mort

- mort de l'oiseau
- sans volonté de la donner

3. Prise de conscience de la force de mort

- peur
- cette mort peut se répéter

4. Travail de deuil pour éviter la répétition

- le travail de deuil met de la distance par rapport au mort
- par rapport à la mort
- par rapport à la force de mort

5. La force de vie prend la première place

- la vie est provoquée par la force de mort mise à distance
- la force de vie prend le pas sur la force de mort (la femme est enceinte)

6. La force de mort est intégrée dans la parole

- nom de l'oiseau mort affecté au village, à l'initiative de la femme
- la force de mort féconde la force de vie (en un sens, c'est elle qui a fécondé la femme et c'est encore elle qui va féconder le village)
- le nom permet à la parole de naître
- la parole va, en même temps, relier et séparer

7. La parole permet à la vie de se répéter et de se multiplier

- avec la parole, naissance de vraies relations
- la vie passe de la femme à toutes les épouses du village

8. La parole renvoie à soi

- à la parole intérieure
- à l'enfant symbolique qui est en soi


La transformation du village pour permettre aux habitants de se constituer comme sujets


1. Prise de conscience, par le chef du village, de la mort et de la force de mort

2. Prise conscience de la mort et de la force de mort par les habitants du village

3. Peur que cette mort ne se répète et se multiplie par un phénomène de mimétisme

- Ce serait un grand malheur pour le village

4. Travail de deuil pour mettre à distance la force de mort

- Ce travail de deuil commence à créer un lien, à constituer une vraie communauté villageoise, en rassemblant tous les habitants
- Il écarte le danger de répétition et de multiplication de la mort


5. Le village solidaire de la femme en qui la force de vie se révèle

- Prise de conscience que ce phénomène concerne toute la communauté : réjouissance...

6. Le village fondé sur la force de mort intégrée dans la parole

- sur l'oiseau mort qui donne son nom au village
- le nom qui crée une identité rend possible la parole entre les habitants


7. Lieu de parole, le village devient un lieu où la vie explose

8. Il permet à chacun de trouver la voie de son individuation


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