Echange et partage




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Echange et partage


Une jeune paysan chinois travaille un lopin de terre.
Il le tient d'un Grand Seigneur local.
Il s'épuise à longueur de journée,
Sans réellement gagner sa vie.
Sans doute la loi des choses n'est-elle pas respectée.
"J'irai, dit le jeune paysan, interroger le Dieu de l'Ouest."

Le jeune homme achète des provisions pour sa mère âgée
Et part en direction de l'Inde.
Au bout de quarante-neuf jours,
Il trouve une vieille femme compatissante,
Qui l'héberge pendant trois jours.
On bavarde.
Elle s'intéresse à son projet.
"J'ai aussi, avoue-t-elle,
Une question à poser au Dieu de l'Ouest.
Ma fille est belle et intelligente
Et pourtant elle ne parle pas."
Le jeune homme promet de soumettre sa question au Dieu.

Il continue son pèlerinage.
Quarante neuf jours plus tard,
Un paysan âgé et plein d'expérience,
Lui offre, à son tour, l'hospitalité.
Mêmes confidences, même écoute intéressée.
Une question nouvelle finit par se préciser.
Il faudrait également la soumettre au Dieu.
Pourquoi de nombreux orangers,
Situés près de la maison,
Ne produisent-ils pas de fruits ?
Ils sont pourtant en pleine vigueur
Et couverts de superbes feuilles.

Le pèlerin accumule ainsi les interrogations
Et poursuit son cheminement.
Il arrive finalement vers un immense fleuve
Qu'il ne peut traverser.
Que va-t-il faire ?
Un dragon l'interpelle.
Où va-t-il ? Quel est l'objet de son voyage ?
Le dragon promet de lui faire traverser le fleuve sur son dos.
En échange, le jeune homme devra interroger le Dieu
Sur un problème qui le tracasse depuis longtemps.
Pourquoi ne peut-il pas s'élever dans les airs,
Alors qu'il pratique la vertu depuis mille ans ?
C'est promis, la question sera posée.
Et rapidement le fleuve est traversé.
Plusieurs semaines s'écoulent encore.
Le jeune homme finit par se trouver devant un temple.
Un beau vieillard s'approche de lui
Et lui demande l'objet de sa visite.
Il présente ses interrogations,
Mais le vieillard l'arrête.
"Tu ne peux poser au Dieu qu'un nombre impair de questions.
Tu as quatre questions.
Il te faut sacrifier l'une d'entre elles."
L'épreuve est difficile.
La nuit entière est nécessaire pour réfléchir.
Au petit matin, la décision est prise.
Le jeune Chinois sacrifiera sa propre question.

Les questions sont posées au Dieu
Et les réponses arrivent aussitôt.

Le pèlerin prend la route du retour
Et trouve le fleuve qui l'avait immobilisé à l'aller.
Apparaît alors le dragon,
Curieux de la réponse du Dieu.
Le jeune Chinois lui livre sans détour le message.
"Tu dois faire deux bonnes actions :
Me faire traverser
Et ensuite ôter la perle que tu as sur le front."
La traversée se fait en quelques minutes.
Le dragon s'arrête, pose la perle sur le sol.
Aussitôt, des cornes poussent sur son front
Et il se met à voler.
Se retournant, avant de disparaître,
Il s'adresse au voyageur
Et l'invite à prendre la perle,
En échange de ses services.

Un à deux mois plus tard,
Il rencontre à nouveau le propriétaire d'orangers.
Celui-ci s'inquiète, à son tour, du message de Dieu.
"Il te faut, lui dit son hôte,
Enlever les sacs d'or et d'argent, enfouis sous ta citerne."
Les deux hommes creusent
Et finissent par retirer les sacs camouflés sous la terre.
A peine ont-ils terminé leur ouvrage
Que la citerne se remplit d'eau.
Les arbres sont arrosés
Et se mettent à produire des oranges
D'une exceptionnelle qualité.
Ravi de cette aubaine,
Le propriétaire cède la moitié de son or et de son argent
Au voyageur qui reprend la route.

Ce dernier chemine encore de nombreux jours.
La vieille femme qui l'avait hébergé à l'aller
Est là qui l'attend, à la porte de sa maison.
A peine le voit-elle qu'elle court à sa rencontre
Et l'invite à se reposer à nouveau.
Elle s'enquiert de la réponse au problème de sa fille.
Le Dieu a dit qu'elle parlerait
Le jour où elle deviendrait amoureuse d'un jeune homme.
Là dessus, la jeune fille entre dans la pièce
Où s'échangent les paroles mystérieuses.
Soudain, elle devient rouge et demande :
"Mais qui est ce jeune Chinois ?"
La mère comprend que son drame se dénoue.
Les noces s'organisent dans la joie retrouvée.
Et finalement, la fille quitte sa mère
En compagnie de son nouveau mari,
Muni de sa perle et chargé de sacs d'or et d'argent.

Lorsque le long périple s'achève,
Le jeune voyageur s'étonne de ne pas apercevoir sa mère.
Elle est cloîtrée dans sa demeure.
Elle a renoncé à l'espoir de revoir son fils
Et en a perdu la vue, tant elle a versé de larmes.
Quel désastre après une aventure pleine d'imprévus merveilleux!
Si au moins cette mère pouvait partager le bonheur de son fils!
A peine le jeune homme a-t-il prononcé intérieurement ce souhait
Que les yeux de l'aveugle s'ouvrent.

Il reste encore un souhait à formuler
Pour que la joie soit à son comble.
Si au moins tous les paysans,
Qui travaillent si dur,
Pouvaient gagner leur vie !
Dans la nuit même, tous les grands propriétaires,
Qui ne travaillent pas,
S'endorment à jamais.
Et le conte s'achève.
(Conte chinois - transmis par un Chinois)

 

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