La besace enchantée






La besace de Jean de La Fontaine

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La besace enchantée


Un pauvre paysan n'a qu'un champ,
Grand comme un mouchoir de poche.
Sa vie n'est que malheur et misère.
Pour comble d'infortune, il a épousé une femme,
Avare et criarde, une véritable mégère.
Un jour, notre homme sème du millet dans son petit champ rempli de pierres.
Le millet pousse à merveille.
Il est si beau et si grand que tous les voisins en sont jaloux.
Tout heureux, il s'en va trouver sa femme :
" Quelle chance, nous aurons de la bonne bouillie en abondance.
- Tu me la bailles belle avec ta bouillie, espèce de bon à rien.
Voilà bien de quoi se réjouir.
Je voudrais que le vent te l'emporte ton fameux millet. "
La femme n'a pas plutôt prononcé ces paroles
Qu'un vent violent déterre toutes les jeunes plantes.

Alors la mégère change de chanson :
" Pauvre incapable, tu n'as pas pu faire ta récolte à temps ! "
Elle exige alors que le mari se rende chez la mère des quatre vents
Pour réclamer une indemnité.
" Il n'est pas question que tu reviennes les mains vides,
Sinon, tu iras dormir à l'étable, avec l'âne. "
Le malheureux paysan s'en va droit devant lui
Et arrive à la demeure de la mère des quatre vents.
Il se poste sous sa fenêtre et se met à crier :
" Ma bonne dame, il faudrait nous rembourser
Le dommage que nous a causé votre fils.
Il a dispersé tout notre millet, ma femme est en larmes.
- Ne t'inquiète pas, mon pauvre homme,
Je suis prête à te rembourser.
Prends cette besace enchantée.
Il te suffira de dire : " Besace, petite besace, ouvre-toi ! "
Et tu auras de la nourriture, à ne savoir qu'en faire.

Quand, tu n'auras plus faim, tu diras :
" Besace, petite besace, ferme-toi. "
Le paysan la remercie, prend la besace et s'en retourne chez lui.

Sa femme lui fait une réception en fanfare.
" Comment, tu ne me rapportes pas d'argent ? "
Elle se rassérène, lorsqu'il lui explique qu'il y a là de la magie.
A partir de ce jour, ils boivent et mangent tout leur soûl
Et vivent dans l'abondance.
Mais la sotte femme ne sait pas tenir sa langue.
L'histoire de la besace arrive aux oreilles d'un voisin, riche et avare.
Il vient leur rendre visite, goûte aux bonnes choses
Et offre au paysan de lui échanger cette merveille
Contre un troupeau de dix brebis avec leur bélier.
L'homme ne veut pas en entendre parler.
Mais sa femme, sottement avide, accepte l'échange.
Le premier jour, il emmène le troupeau à la pâture.
Mais, le soir, le bélier rentre avec les brebis dans la bergerie du riche voisin.
Le pauvre réclame en vain son bien ; le riche se moque de lui.

La femme se fâche, une fois encore et crie :
" Fainéant, va au moins semer du millet ! "
Le paysan sème le millet qui pousse à ravir les yeux.
Il annonce joyeusement la nouvelle à son épouse qui répond :
" J'en ai assez de ton millet ;.on croirait manger de la terre.
J'aimerais que le vent l'emporte ! "
Qu'a-t-elle dit ?
Aussitôt, le vent emporte le millet et la sotte femme se met à gémir.
Elle envoie, une fois encore, son mari chez la mère des vents
Pour réclamer un dédommagement.

Le paysan arrive et expose humblement sa réclamation.
" Bien, répond la mère des vents.
Prends cette deuxième besace et tu lui diras :
" Besace, petite besace, ouvre-toi, fais ton office.
Qu'on ne l'oublie pas de la vie. "
L'homme veut faire un essai en route.
Alors surgit de la besace un solide gourdin qui le roue de coups.
Reprenant enfin ses esprits, il crie : " Besace ferme-toi. "
Le bâton disparaît comme par enchantement.
En arrivant chez lui, le mari dit à la femme :
" Demande à la besace de faire son office. "
La femme obéit et reçoit une solide raclée.
Là-dessus, le mari ordonne à la mégère
D'aller échanger la besace pour un nouveau troupeau de moutons.
Le vieil avare accepte avec joie et s'empresse de prononcer la formule magique.
Au moment même, sort de la besace un énorme bâton
Qui lui caresse l'échine à coups redoublés.
Le balourd s'enfuit éperdu.
Il paraît qu'il court encore.
(Conte bulgare)

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