La maison dans le désert





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Cannyon

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La maison dans le désert


Elie le Borgne et Jack le Boiteux
Marchent infatigablement.
Ce sont deux vagabonds impénitents.
Un jour, ils sont au seuil du désert de Californie.
Il s'y engagent sans souci de la chaleur
Et des rares sentiers qui s'effacent,
Sous le souffle du vent.
Jour après jour, ils sombrent
Dans la fatigue et la faim.
Plus une goutte d'eau dans leur gourde,
Plus un croûton de pain dans leur sac.

Ils sont au bout du voyage.
Le ciel, à l'horizon, s'obscurcit.
Ils se disent qu'il n'atteindront pas Montferrey,
La ville où ils souhaitaient se rendre.

Soudain, Jack le boiteux sursaute.
Une lumière, une maison se pointe à l'horizon.
Elie le Borgne reste un moment bouche bée.
Ils s'avancent l'un et l'autre,
Sans quitter du regard cette lumière dans les ténèbres,
Qui pourrait s'effacer.
Bientôt, une solide maison de rondins
Est devant eux.
La porte est grande ouverte.
Un homme de belle allure
Les invite à entrer.
Il a l'oeil malicieux et la barbe majestueuse.
Ils pénètrent dans une grande pièce.
Au milieu de la table, une soupière
Au fumet délicieux.
Une bonne fermière apparaît.
Elle pose sur la table une cruche de vin
Et leur souhaite la bienvenue.

Les deux vagabonds avalent plusieurs bols de soupe
Et se désaltèrent abondamment.
C'est le meilleur vin de leur vie,
Qu'ils dégustent aujourd'hui.
"Vous serez demain à Montferrey, leur dit le fermier.
En attendant, allez vous reposer dans la chambre d'amis."
Il ouvre alors une porte au fond de la salle commune.
Ils sont au paradis.
Ils se laissent tomber sur les deux grands lits moelleux.
Les miséreux dorment comme des enfants.

Le lendemain matin,
Un rayon de soleil,
Qui pénètre par une fente des volets,
Les réveille.
Tout ébouriffés, ils sautent de leur lit
Et pénètrent dans la salle commune.
Deux grands bols de café sont servis sur la table.
Le fermier et sa femme leur souhaitent le bonjour.
Ils déjeunent sans se faire prier,
Remercient leurs hôtes inattendus
Et s'en vont dans le matin frais.

A peine sortis, ils rencontrent un vieux muletier,
Qui les salue et les considère avec curiosité.
"Vous avez l'air aussi frais
Qui si vous veniez de prendre le thé
Chez le gouverneur de Californie.
Je me demande par quel miracle vous êtes aussi dispos.
- Tout près d'ici, répond Elie,
Est une ferme que nous n'oublierons jamais.
Ceux qui l'habitent nous ont sauvé la vie.
- De quelle ferme parlez vous, grogne le muletier ?
Il n'y a pas de maison, à mille lieues à la ronde."
Elie et Jack se retournent.
Le désert d'étend jusqu'à l'horizon bleu.
La maison a disparu.

Sans comprendre, ils continuent leur marche
Et arrivent à Montferrey.
Ils content leur aventure.
On leur tourne le dos.
Ils reprennent leur voyage
Sur les chemins du monde.
(Conte indien du Far West - L'arbre aux trésors)


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