Le détachement




Le désert

http://www.livius.org/aj-al/alexander/alexander_pic/alexander_pics.html

Le détachement


Renoncer aux actes intéressés, voilà, au dire des inspirés, le renoncement. Le détachement du fruit de tous les actes, les sages l'appellent le détachement.

" Il faut s'en détacher comme du péché ", disent de l'acte certains penseurs. " Acte de sacrifice, de don, de mortification ; il ne faut point s'en détacher ", disent d'autres.

Voici ce que je déclare sur le détachement, écoute, ô meilleur des Bhârata ! Le détachement, ô tigre parmi les hommes, est proclamé de trois espèces.

Acte de sacrifice, de don, de mortification, il ne faut point s'en détacher, il faut l'agir. Sacrifice, don, mortification purifient les penseurs.

Mais ces actes, c'est en se détachant de l'attache et du fruit qu'il faut les agir. Voilà Pârtha, mon dernier mot.

Or, pour l'acte obligatoire, il ne convient pas de s'en détacher : y renoncer par folie, c'est ce qu'on proclame le renoncement de Tamas.

En se détachant de l'attache et du fruit, alors le détachement est de Sattva.

Mais celui qui se détache du fruit des actes, voilà le détaché.

Quant à l'acte, s'il est obligatoire et sans attache, si l'on agit sans passion ni haine, et sans désirer le fruit, il est dit de Sattva.

Mais si l'on en désire le fruit, qu'on agit pour soi et péniblement, l'acte est dit de Rajas.

L'agent affranchi d'attache, sans égoïsme, constant et patient, et que n'altère ni le succès ni le revers, cet agent est dit de Sattva.

Passionné, désireux du fruit de l'acte, envieux, malfaisant, impur, sujet à la joie et à la tristesse, l'agent est dit de Rajas.

Mais si la raison est sans attache, le Soi dompté de toutes parts, l'envie dissipée, on arrive par le détachement à sortir complètement de l'acte.

Devenu Brahman, le Soi apaisé, plus de chagrin, plus de désirs, égal envers tous les êtres, on arrive à m'adorer parfaitement.

Que ton cœur soit moi, ton adoration moi, ton offrande moi, devant moi prosterne-toi ! Oui, tu viendras à moi, ma promesse est véritable, tu m'es cher.

Détache-toi de toutes les lois, va à moi, l'unique refuge. Moi, je t'affranchirai de tous les péchés. Plus de chagrin.

(Bhagavad-Gîtâ, Le chant du Bienheureux, Mille et une nuits, 1997, traduction de Sylvain Lévy et J. - T. Stickney, XVIII)

 

Télécharger le texte