Le voyage de Bran à l'île des Bienheureux




 

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Le voyage de Bran à l'île des Bienheureux


Bran est fils de Fébal, roi d'Irlande.
Il se promène devant sa forteresse.
Au loin, la mer et le ciel se fondent dans la brume.
Alors une musique, d'abord lointaine, finit par l'envahir.
Peu à peu la musique s'éloigne et une jeune femme est, devant lui, sur le rocher.
Elle tient dans la main une branche de pommier et dit à Bran :
" Regarde ce que j'ai cueilli, pour toi, dans l'île des Bienheureux. "
La branche de pommier est ornée de fleurs de cristal
Et, dans ces fleurs, Bran voit les sources, les arbres et les jardins du paradis.
Il tend la main.
Tout s'efface.
C'est certain, il ne vivra plus désormais
Que pour atteindre l'île des Bienheureux.

A l'aube, Bran s'embarque avec vingt-sept hommes.
Il navigue deux jours et deux nuits ;
Au matin du troisième jour, il rencontre un homme seul dans une barque noire.
" Je suis Mannanan, fils de Lir, dit l'homme.
Je suis venu te saluer au nom des vivants de la terre merveilleuse. "
Bran fait un grand signe de la main
Mais la barque et l'homme s'évaporent dans la brume.

C'est alors qu'une île apparaît à l'horizon.
Le navire de Bran se dirige vers elle, toutes voiles déployées.
Cette île est grise et déchirée.
Des gens, sur le rivage, appellent les marins en grimaçant.
Bran envoie vers ce peuple un matelot dans une chaloupe.
A peine a-t-il touché terre que la foule le saisit, le déchire et le dévore.
Les marins sont horrifiés en contemplant le spectacle
Et en voyant rire les monstres, barbouillés de chair et de sang.

Le navire s'éloigne et reprend sa course sur l'océan.
Au bout de longs jours de navigation
Il parvient devant deux montagnes de verre étincelant.
Elles se balancent et parfois s'entrechoquent.
Quand elles s'éloignent, elles ouvrent un chemin d'eau.
Le bateau s'y engage au risque d'être foudroyé.
Les murailles craquent, remuent et grincent.
Les montagnes se ferment derrière le navire dans un effroyable fracas.
Bran a forcé la porte.
A l'horizon, il voit se dresser l'île des Bienheureux.

Une femme d'une souveraine beauté l'attend sur la plage,
Au milieu des arbres et de multiples buissons de fleurs.
Elle lance à Bran une pelote de fil qui s'attache à sa main.
Elle peut ainsi tirer le bateau vers le rivage.
Les hommes et les femmes qui accueillent les navigateurs
Sont beaux et paisibles.
Ils les invitent à partager leur vie.
L'île est un paradis d'herbe verte, de sources et de jardins superbes.
Bran et ses compagnons vivent là de longs jours,
Dans une félicité sans nuages.

Mais, un soir, au crépuscule, leur vient la nostalgie de l'Irlande.
La reine de l'île essaie de les retenir.
Elle pleure sur l'épaule de Bran.
Le mal du pays est plus fort que toutes les joies du paradis.
Bran et ses compagnons repartent sur la mer.
Après quelques semaines de navigation, les voici près du rivage familier.
Sur le quai, une foule émerveillée se regroupe,
A la vue du bateau légendaire, qui entre dans le port.
Un matelot impatient nage vers la terre.
A peine l'a-t-il touchée qu'il tombe en cendres.
Alors , Bran comprend et dit à ses compagnons :
" Frères, nous ne reverrons jamais nos parents, ni la porte de nos maisons.
Nous avons vécu des centaines d'années, sur l'île des bienheureux.
Là-bas, le temps n'existe plus.
Nous ne sommes plus de ce monde.

Debout, à la proue de son bateau, il raconte en vieux langage irlandais,
Ses aventures aux gens du rivage, puis il leur dit adieu.
Son bateau s'en va vers le large, toutes voiles déployées.
Nul ne l'a plus jamais revu.
(Irlande)

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Analyse du voyage de Bran à l'île des bienheureux