Le conte du naufragé

 

Horus...

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Le conte du naufragé


Un excellent serviteur dit alors :
"Que ton coeur se rassérène, Seigneur !
Vois, nous avons atteint le pays.
On a saisi le maillet
et frappé le poteau d'amarrage,
une haussière ayant été lancée à terre.
Grâces sont rendues,
le dieu a été remercié.
Chaque homme embrasse son semblable
car notre équipage est revenu sain et sauf,
sans perte pour notre troupe.

Nous avons atteint les confins (du pays) de Ouaouat (Nubie du nord)
après avoir doublé l'île de Senmout.
Vois donc ! Nous sommes revenus en paix,
notre pays, nous l'avons atteint enfin !
Ecoute-moi donc, Seigneur,
je suis vide d'exagération !
Purifie-toi,
verse de l'eau sur tes doigts
de sorte que tu pourras répondre
quand on t'interrogera,
et tu parleras au Roi,
ton coeur étant avec toi.
C'est sans bafouiller que tu répondras
car la bouche de l'homme le sauve ;
sa parole fait qu'on lui montre de l'indulgence.
C'est à ta guise que tu agis,
car c'est se fatiguer que de te parler !
Je te raconterai donc une chose semblable
qui m'est arrivée, à moi-même,
tandis que j'étais parti vers les mines du Roi,
Je descendais vers Ouadj-our à bord d'un navire de 120 coudées dans sa longueur et 40 coudées dans sa largeur,
dans lequel se trouvaient cent vingt marins, choisis parmi l'élite de l'Egypte.
Qu'ils observassent le ciel
ou qu'ils visent la mer,
leur coeur était plus brave que celui des lions !
Avant même qu'elle ne fût advenue, ils prédisaient une tempête et un orage avant qu'il n'eût éclaté !
Une tempête éclata
alors que nous étions dans Ouadj-our,
et avant que nous eussions touché terre.
Après que le vent se fut levé,
et qu'il eut redoublé,
il y eut en lui une lame de 8 coudées.
et c'est un espar qui en brisa la force pour moi.
Alors le navire mourut :
De ceux qui étaient à son bord, aucun ne survécut.
Et alors je fus déposé sur une île par une vague de Ouadj-our.
Je passai trois jours, seul,
mon coeur étant mon unique compagnon.
M'étant allongé à l'intérieur d'un abri de bois, je recherchai l'ombre.
Puis j'étirai mes jambes
afin de chercher ce que je pourrais mettre dans ma bouche.
Je découvris qu'il y avait là des figues, du raisin et toutes sortes de légumes précieux, des figues de sycomore non entaillées avec des figues de sycomore entaillées, des concombres,
Il y avait là des poissons ainsi que des oiseaux ;
il n'y avait rien qui ne fût en lui.
Alors je me rassasiai
et en posai à terre,
Parce que c'était trop lourd sur mes bras.
Après avoir saisi un bâton,
je fis advenir un feu,
et j'accomplis l'holocauste pour les dieux.
C'est alors que j'entendis un bruit de tonnerre :
et je pensai que c'était une vague de Ouadj our.
Les arbres se mirent à craquer
et la terre à trembler.
Je découvris mon visage
et je vis que c'était un serpent qui venait.
Il mesurait trente coudées de long
et sa barbe dépassait les deux coudées.
Son corps était recouvert d'or
et ses sourcils étaient en lapis-lazuli véritable.
S'étant penché vers l'avant,
il ouvrit sa bouche vers moi
alors que j'étais sur mon ventre
et il me dit :
"Qui t'a amené, qui t'a amené, petit homme ?
Si tu tardes à me dire
qui t'a amené sur cette île,
je ferai en sorte que tu t'aperçoives
que tu es réduit en cendres
et que tu es celui que l'on n'a jamais vu. "
Il me parlait
mais je ne l'écoutais pas ;
j'étais devant lui,
mais je m'étais oublié.
Alors il me mit dans sa bouche,
m'emporta dans son antre
et me posa
sans me blesser,
sain et sauf,
sans rien me prendre.
Il ouvrit sa bouche vers moi,
tandis que j'étais sur mon ventre devant lui,
et il me dit :
"Qui t'a amené, qui t'a amené, petit homme ?
Qui t'a amené sur cette île de Ouadj-our
dont les deux côtés sont dans les flots ?
Alors je lui répondis ceci,
mes deux bras courbés devant lui
et je lui dis :
"Voici que je descendais vers les mines, en tant que chargé de mission
du souverain dans un navire de 120 coudées de long et 40 coudées de large,
dans lequel se trouvaient 120 marins, choisis parmi l'élite de l'Egypte.
Qu'ils observassent le ciel
ou qu'ils visent la terre,
leur coeur était plus brave que celui des lions.
Avant même qu'elle ne fût advenue, ils prédisaient une tempête et un orage avant qu'il n'eût éclaté !
Chacun d'eux, son coeur était plus vaillant, son bras était plus fort que celui de son compagnon !
Il n'y avait pas de maladroit parmi eux.
Une tempête éclata
alors que nous étions dans Ouadj-our,
avant que nous n'eussions touché terre.
Après que le vent se fut levé,
et qu'il eut redoublé,
il y eut en lui une lame de 8 coudées.
C'est un espar qui en brisa la force pour moi.
Alors le navire sombra :
de ceux qui se trouvaient à son bord, aucun d'eux ne survécut, en dehors de moi,
et voici que je suis à ton côté !
Et alors, je fus porté sur cette île par une vague de Ouadj-our."
Il me dit alors :
"N'aie pas peur, n'aie pas peur, petit homme,
Ne blanchis pas ton visage !
Tu m'as atteint,
vois, le dieu a fait que tu vives
et il t'a conduit jusqu'à cette île du Ka,
où rien ne manque.
Elle est remplie de toutes sortes de bonnes choses.
Vois, tu feras mois sur mois,
jusqu'à ce que tu aies accompli quatre mois à l'intérieur de cette île.
Un navire va venir du pays
dans lequel se trouvent des marins que tu connais ;
tu rentreras avec eux au pays,
et tu mourras dans ta cité.
Heureux celui qui raconte ce qu'il a éprouvé,
les choses mauvaises ayant été surmontées !
Je vais donc te raconter quelque chose de semblable qui est arrivée dans cette île
où je me trouvais avec mes semblables,
des enfants étant parmi eux.
Nous atteignions le nombre de 75 serpents en tout, tant mes enfants que mes semblables,
et je ne mentionnerai pas pour toi une petite fille que je m'étais procurée grâce à la prière.
Alors une étoile tomba
et c'est à cause d'elle que ceux-ci sortirent en feu.
C'est alors que je n'étais pas avec eux que c'est arrivé contre eux
et alors que je n'étais pas au milieu d'eux, qu'ils ont brûlé !
Alors je mourus pour eux,
les ayant trouvés en un seul tas de cadavres.
Si tu es brave,
que ton coeur s'endurcisse !
Tu empliras ta poitrine avec tes enfants,
tu embrasseras ta femme
et tu reverras ta maison.
C'est mieux que tout !
Tu atteindras le pays
dans lequel tu vivais parmi tes semblables."
Alors que j'étais étendu sur mon ventre,
je touchai le sol devant lui
et je lui dis alors :
"Je raconterai ta puissance au Souverain,
je ferai qu'il soit informé de ta grandeur,
je ferai en sorte que l'on t'apporte de l'alun,
de l'huile-hekenou, du ladanum, de la gomme-khesayt
et de l'encens destiné aux magasins des temples,
au moyen duquel tout dieu est apaisé.
Je raconterai donc ce qui m'est arrivé et ce que j'ai vu de ta puissance.
On te rendra hommage dans la Ville de Thèbes en présence du Conseil du pays tout entier.
J'offrirai pour toi des taureaux en holocauste
et je sacrifierai pour toi des volailles.
Je ferai en sorte que te soit amené un navire
chargé de toutes les richesses de l'Egypte,
conformément à ce qui est fait pour un dieu qui aime les hommes, dans une terre lointaine
que les hommes ne connaissent pas."
Alors il se moqua de moi et de ce que j'avais dit d'insensé selon lui,
et il me dit :
"As-tu beaucoup de myrrhe ?
Es-tu devenu possesseur d'encens ?
En vérité, c'est moi, le souverain de Pount,
et la myrrhe, elle m'appartient !
Quant à cette huile-hekenou que tu as parlé d'apporter, c'est le principal produit de cette île !
Cela étant advenu que tu t'écartes de cet endroit,
tu ne reverras jamais cette île
redevenue flots."
Alors ce navire arriva,
conformément à ce qu'il avait prédit auparavant.
Alors je m'en allai,
je me juchai sur une haute branche
et je reconnus ceux qui étaient à son bord.
Alors j'allai pour rapporter cela
et je découvris qu'il le savait déjà.
Il me dit :
"Bon voyage, bon voyage, petit homme, jusqu'à ta maison !
Puisses-tu revoir tes enfants !
Fais que ma renommée soit bonne dans ta ville.
Vois, c'est ce dont je te charge !"
Alors je me mis sur mon ventre,
mes deux bras courbés en adoration devant lui.
Et il me donna une cargaison de myrrhe, d'huile-heqenou, de ladanum, de gomme-khesayt, de ti-chepes, de plante-chaâs, de galène, de queues de girafe, de gros morceaux d'encens, de défenses d'éléphant, de chiens, de cercopithèques et de babouins, toutes sortes de biens précieux.
Alors je chargeai tout cela sur ce navire
et alors que je me prosternai
pour le remercier,
il me dit :
"Vois, tu atteindras le pays dans deux mois,
tu serreras tes enfants dans tes bras,
tu rajeuniras dans ta tombe.
Alors je descendis au rivage près de ce navire
et je me mis à héler l'équipage
qui se trouvait à bord de ce navire.
Je rendis grâce, sur la rive, au seigneur de cette île
et ceux qui étaient à bord firent de même.
C'est naviguer vers le nord que nous fîmes, vers la Résidence du Souverain.
Nous arrivâmes au pays en deux mois,
conformément à tout ce qu'il avait dit.
Alors j'entrai auprès du Roi
et je lui remis ces présents
que j'avais rapportés de l'intérieur de cette île.
Alors il me loua en présence du Conseil du pays tout entier.
Puis je fus promu Compagnon,
et récompensé de deux cents esclaves.
Regarde-moi,
après que j'ai touché terre,
après que j'ai vu ce que j'ai vécu !
Ecoute donc ma parole !
car il est bon d'écouter les gens."
Alors il me dit :
"Ne fais pas le malin, l'ami !
Pourquoi donner de l'eau à une volaille à l'aube, si c'est pour la sacrifier le matin ?"

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Analyse du conte du naufragé