Le lion et la vieille femme






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Il était une fois, dans un village d'Afrique, une vieille qui était si vieille
Qu'elle ne pouvait plus travailler aux champs.
Ce qu'elle pouvait faire, c'ét
ait prendre une grande calebasse,
La mettre sur sa tête, partir à la rivière,
Remplir la calebasse de l'eau de la rivière et revenir au village avec de l'eau.
Elle faisait ça tous les matins.

Or, un matin, alors qu'elle était penchée au-dessus de l'eau
Et qu'elle était en train de remplir sa calebasse,
Voilà que, tout à coup, elle sent à côté d'elle un souffle.
Elle se tourne doucement et qu'est ce qu'elle voit sur la rive à ses côtés ?
Un lion, un lion d'Afrique, qui la regardait.

Elle n'a pas bougé, c'était une vieille, une vieille Africaine.
Elle savait ce qu'il faut faire en face du lion.
Quand tu es un homme, ton regard d'homme écrase celui du lion
Et tu peux le vaincre par le regard, si tu ne baisses pas les yeux.
Elle a regardé le lion droit dans les yeux.
Le lion n'a pas bougé.
La vieille l'a regardé si longtemps qu'elle a eu confiance.
Elle a senti que le lion ne l'attaquerait pas.

Alors, elle s'est redressée lentement,
Elle a mis sa calebasse pleine d'eau sur la tête,
Lentement, elle a reculé, lentement, elle s'est retournée
Et elle a marché d'un pas décidé dans la savane en direction de son village.

Le lendemain, quand, au petit matin, elle est allée à la rivière,
Voici que le lion était encore là.
Il semblait l'attendre.
Elle l'a regardé, elle n'avait plus peur de lui.
Elle savait qu'il n'attaquerait pas.

Alors, elle a pris son eau à la rivière,
Elle l'a mise sur sa tête beaucoup plus vite que les autres jours.
Puis, elle a regardé le lion, elle lui a même souri.
Et puis elle est partie dans la savane, en direction du village.

Et tous les jours où elle allait chercher de l'eau à la rivière,
Le lion était là qui l'attendait.
Petit à petit, ils se sont apprivoisés l'un l'autre.
Elle s'est mise à lui parler.
Le lion a grogné gentiment comme un chat qui ronronne.
Bientôt le lion s'est mis à la suivre, dans la savane.
D'abord, il était à quelques pas derrière elle,
Et puis, les jours passant, il était plus près d'elle.
Un jour, il s'est trouvé à ses côtés.
Il marchait avec elle jusqu'à la fin de la savane, à l'entrée du village.
Il n'allait jamais plus loin.
Et c'est ainsi que la vieille femme est devenue l'amie du lion.
Et le lion, l'ami de la vieille femme.
Tous les jours, elle le retrouvait, tous les jours, ils se parlaient d'une certaine manière.

Elle lui racontait tous ses souvenirs de vieille femme,
Elle lui racontait tous ses soucis de vieille femme,
Elle lui disait tout ce qu'elle avait sur le cœur.
Et le lion semblait l'écouter attentivement.

Or, une nuit, alors que ça faisait des mois que le lion et la vieille femme étaient amis,
Une nuit, le lion a voulu savoir ce que la vieille femme pensait de lui.
Alors, parce que c'était la nuit et que personne n'était dehors dans le village,
Il s'est approché de la case de la vieille femme.
Il y avait encore une lampe qui brûlait,
Ce qui indiquait que les gens étaient éveillés.
Il a approché son oreille de la porte
Et il a écouté ce qu'on disait.

Et justement, la vieille femme était en train de parler de lui.
Elle disait que c'était le meilleur ami du monde,
Elle disait à quel point le lion semblait l'écouter,
A quel point il était doux comme un chat,
A quel point il semblait sage.
Mais elle a dit, il a un défaut qui gâche presque tout le reste,
Vraiment un défaut insupportable,
C'est que, voyez-vous mes enfants, il pue de la gueule !

Le lion a été blessé en son cœur.
Il a fui dans la forêt.

Le lendemain matin, avant d'aller à son rendez-vous,
Il est allé trouver un bûcheron qui bûcheronnait dans la forêt.
Il l'a regardé de son œil de lion, il a ouvert ses babines et lui a dit :
- Bûcheron, donne-moi ta hache, sinon je te mange !
Le bûcheron, sans hésiter une seconde, a lâché sa hache
Et il a couru, couru.
Le lion a pris la hache dans sa gueule
Et il est allé au rendez-vous.
Il a regardé la vieille femme, il n'était plus tout à fait pareil.
Elle a bien vu qu'il avait l'air plus féroce que les autres jours.

Le lion lui a dit :
- Oh ! vieille femme, tu vois cette hache, prends-la
Et donne-moi un coup sur le front, là où j'ai une bosse rebondie frappe.

Et la vieille a dit :
- Mais non ! mais je ne veux pas frapper !
Mais pourquoi est-ce que tu veux que je te frappe ?
Mais tu es mon meilleur ami !
Pourquoi est-ce que je te frapperais ?
Le lion l'a regardée d'un œil féroce, il a soulevé ses babines,
Il a montré ses crocs saillants, il a ouvert sa gueule d'enfer.
Ses yeux semblaient brûler de haine et il lui a dit :
- Dépêche-toi de m'obéir, sinon je te mange !


La vieille a eu peur.
Sans plus hésiter, elle a pris la hache
Et elle a frappé un grand coup, à l'endroit où, sur le front,
Le lion avait une bosse bien rebondie.
Et le sang a giclé.
Et le lion s'est enfui dans la jungle.

Pendant trois mois, la vielle femme n'a plus revu son ami le lion.
Elle a pensé qu'il était peut-être mort.
Mais, au bout de trois mois, alors qu'elle était, comme d'habitude,
Penchée sur la rivière pour prendre son eau,
Elle a vu le lion venir vers elle.
Alors, elle a lâché sa calebasse et elle s'est exclamée :
- Oh lion ! te voilà de retour !
Oh, comme ça me fait plaisir !
Oh, comme tu m'as manqué !
Oh, quel bonheur de te retrouver !

Le lion l'a regardée et il lui a dit :
- Oui, je suis revenu.
Regarde comment est mon front.
Elle a regardé son front qui était tout à fait cicatrisé.
Et elle lui a dit :
- Oh ! mais on ne voit plus rien !
C'est tout à fait bien !
C'est comme si rien ne s'était passé, c'est tout à fait cicatrisé !
Le lion l'a regardée et il lui a dit :
- Oui, vieille femme, vois-tu, les blessures qu'on fait au corps,

Elles cicatrisent toujours.
Mais les blessures qu'on fait au cœur, elles saignent encore !
(Conte africain)

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Analyse du lion et la vieille femme