Analyse de Sisyphe

Méthode d'analyse des mythes

Les éléments du modèle :

La croix,
qui représente la structure
Les diagonales,
qui introduisent la mobilité
Les neufs points,
qui représentent les extémités de chaque ligne et le centre

Le fonctionnement :

- Chaque point représente une étape dans le déroulement de l'action ou du récit.
- Le déroulement chronologique commence en 1 et se termine en 9.
- Les deux extrémités de chaque ligne sont en opposition. L'opposition représente le plus souvent une différence, qui marque la progression, plutôt qu'une contradiction radicale.
- Le sens émerge au fur et à mesure de la progression.

Grille d'analyse de Sisyphe (mythe grec)

Attention ! Si vous avez des difficultés à voir les grilles d'un seul coup d'oeil,
vous pouvez les visualiser au format word en appuyant sur :

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Premier temps : la structure

8

LA MORT ENLÈVE LA COUPE DE NECTAR DES LÈVRES DE SISYPHE ET L'ENTRAÎNE À SA SUITE

1

SISYPHE NE CRAINT PAS LA MORT : IL EST PRÊT A AGIR PAR RUSE POUR OBTENIR UNE SOURCE DE L'OLYMPE
- Il n'a pas d'eau dans son palais

7

SISYPHE NE CRAINT PAS LA MORT : IL EST PRÊT A AGIR PAR RUSE POUR OBTENIR UNE SOURCE DE L'OLYMPE
- Il n'a pas d'eau dans son palais

2

IL OBTIENT SA SOURCE (DE VIE) D'ASÖPOS, DIVINITÉ D'UN FLEUVE, EN ÉCHANGE D'UNE INFORMATION SUR LA CACHETTE DE ZEUS
- Asôpos recherche Zeus, son adversaire

9

LE SUPPLICE ÉTERNEL DE SISYPHE, QUI REFUSE LA MORT
- Il doit pousser un rocher, au sommet d'une colline, mais, chaque fois, le rocher arrivé au sommet dévale la pente opposée

6

SISYPHE EST ARRACHÉ À LA VIE PAR LA MORT, POUR ÊTRE MENÉ AUX ENFERS
- La mort continue à faire son travail, auprès des vivants

3

ASÔPOS FOUDROYÉ PAR ZEUS
- Brûlé, il se jette dans un cours d'eau

5

ARÈS, DIEU DE LA GUERRE, DÉLIVRE LA MORT, ENFERMÉE PAR SISYPHE

4

LA MORT QUI VIENT PRENDRE SISYPHE, LIGOTÉE ET ENFERMÉE
- Un grand désordre s'ensuit sur la terre car elle ne peut plus faire son travail

Deuxième temps : les images

8

SISYPHE ENTRAÎNÉ PAR LA MORT, AU MOMENT OÙ IL PORTE LA COUPE A SES LÈVRES

1

SISYPHE QUI N'A PEUR NI DE LA MORT NI DES DIEUX
POUR PARVENIR A SES FINS

7

SYSIPHE RUSÉ QUI OBTIENT DE PERSÉPHONE L'AUTORISATION DE SORTIR DES ENFERS

2

ASÔPIOS, QUI FAIT JAILLIR UNE SOURCE POUR SISYPHE
- En échange, le dévoilement de la cachette de Zeus

9

SISYPHE AU SUPPLICE ÉTERNEL
- Sisyphe qui pousse le rocher au sommet de la colline et le rocher qui redescend sur la pente opposée

6

LA MORT, QUI SOUSTRAIT SISYPHE A LA VIE POUR L'EMMENER AUX ENFERS
- A la demande de Zeus

3

ASÔPIOS, QUERELLEUR, FOUDROYÉ PAR ZEUS
- A moitié brûlée, la divinité du fleuve, qui se jette dans un cours d'eau

5

LA MORT ENFERMÉE PAR SISYPHE, DELIVRÉE PAR ARÈS, DIEU DE LA GUERRE

4
LA MORT LIGOTÉE ET ENFERMÉE PAR SISYPHE, AU MOMENT OÙ ELLE VIENT LE PRENDRE
- Le désordre qui s'ensuit sur terre

Troisième temps : le sens

8

LA MORT FINALEMENT VICTORIEUSE
- S'il veut à nouveau évacuer la mort, il est définitivement rattrapé par elle
- Sa présence chez les vivants est illusoire

1

L'HOMME RUSÉ, QUI N'A PAS PEUR DE LA MORT POUR PARVENIR A SES FINS
- Il rejette la mort

7

CELUI QUI JOUE LE JEU DE LA MORT PEUT APPAREMMENT RETROUVER LA VIE
- En jouant le jeu de la mort, il peut obtenir une rémission
- Si le deuil de sa mort n'est pas fait, il continue à hanter les vivants

2

LA VOLONTÉ DE S'APPROPRIER LA VIE À N'IMPORTE QUEL PRIX
- Il ne veut pas passer par la mort
- Il trahit l'exigence secrète des dieux : la vie naît de la mort

9

LA VIE PERD SON SENS LORSQUE L'HOMME REFUSE LA MORT
- Le sujet est dans l'impossibilité de se constituer et son corps lui échappe
- Il a oublié que la mort donne sa stabilité, son ouverture et son sens à la vie : il tourne en rond

6

L'HOMME ARRACHÉ À LA VIE CONTRE SON GRÉ
- Il finit par être enfermé (enfer) dans la mort qu'il refuse

3

CELUI QUI JOUE LE JEU DE L'APPROPRIATION DE LA VIE , SANS PASSER PAR LA MORT, EST LUI-MÊME CONDAMNÉ A MORT
- Il évacue la vie en en rejetant les fondements

5

L'HOMME CONTRAINT DE LAISSER LA MORT PARVENIR À SES FINS
- La mort refoulée resurgit et crée des désordres insurmontables

4

LA MORT APPAREMMENT VAINCUE
- Elle est refoulée dans l'inconscient

La déconstruction du sujet

1. L'homme rejette la mort : il oublie que la mort est liée à la vie.

2. Il veut s'approprier la vie à n'importe quel prix. De ce fait, il trahit l'exigence secrète de l'existence humaine : la vie naît de la mort. Elle a besoin de la mort comme force de séparation

3. Celui qui veut s'approprier la vie sans en respecter le fondement (passer par la mort) est lui-même condamné à mort.

4. Provisoirement, il refoule dans l'inconscient la mort qui le gêne.

5. Mais ce refoulement suscite des désordres insurmontables qui engendrent une confusion totale.

6. La mort finit par reprendre ses droits et imposer sa place (avec le retour du refoulé).

7. L'individu est alors enfermé (enfer) dans la mort qu'il refuse, perdant ainsi son lien avec la vie.

8. Il peut encore obtenir une apparente rémission en jouant le jeu de la mort.

9. Si le deuil de sa mort n'est pas fait, le mort (réel ou symbolique) peut venir hanter les vivants

10. Mais, en essayant apparemment d'évacuer la mort, il est définitivement rattrapé par elle.

11. Sa vie tourne en rond.

12. Son corps lui échappe

13. Il a oublié que la mort donne sa stabilité au corps et son sens à la vie.

14. Bien plus, c'est elle qui ouvre l'espace de la vie.

15. L'individu s'est finalement totalement déconstruit comme sujet.